Tu trouveras plus dans les forêts que dans les livres. Les arbres et les rochers t'enseigneront les choses qu'aucun maître ne te dira.Saint Bernard de Clairvaux
L'homme arbre de Jérôme Bosch. |
Illustration de la Divine Comedie de Dante de Gustave Doré. |
Gestes d'arbres- La sorcière d'Eugène Viala |
L'homme-racine de Franck Lundangi. |
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"ar son élan vertical, les mouvements de ses branches, le chant du vent qui l'agite, l'arbre est notre frère, un aîné qui nous survivra, plus grand que nous, plus fort, et qui par ses racines plonge dans le mystère des profondeurs. Humain donc, et plus qu'humain, il fut parfois un dieu, régnant sur les trois monde, ici , en haut, en bas, maître du cosmos, à moins que le cosmos ne soit qu'un arbre géant. [...] Il a parfois matérialisé la grande déesse, matrice de toute vie. Les mythes grecs en ont fait l'habitacle des nymphes- les Hamadryades- qui bien avant Ronsard "vivaient dessous la dure écorce"....tandis que dans les métamorphoses,..., la belle devient arbre par un vouloir divin."
Pour les Grecs de la Grèce archaïque, les premiers hommes avaient été des arbres.
"Parcourir l'Arbre Se lier aux jardins Se mêler aux forêts Plonger au fond des terres Pour renaître de l'argile Peu à peu S'affranchir des sols et des racines Gravir lentement le fût Envahir la charpente Se greffer aux branchages
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Puis dans un éclat de feuilles Embrasser l'espace Résister aux orages Déchiffrer les soleils Affronter jour et nuit Evoquer ensuite Au cour d'une métropole Un arbre un seul Enclos dans l'asphalte Éloigné des jardins Orphelin des forêts Un arbre Au tronc rêche Aux branches taries |
Aux feuilles longuement éteintes S'unir à cette soif Rejoindre cette retraite Ecouter ces appels Sentir sous l'écorce Captives mais invincibles La montée des sèves La pression des bourgeons Semblables aux rêves tenaces Qui fortifient nos vies Cheminer d'arbre en arbre Explorant l'éphémère Aller d'arbre en arbre Dépistant la durée." Renée CHEDID |
Dans son ouvrage "La mythologie du Rhin et les contes de la mère-grand", Saintine nous rappelle que L'arbre était le médiateur ...placé entre ciel et terre tenait à la terre par ses racines, et sa tige, semblable à une flèche empennée de verdure, se dressait vers le ciel comme pour s'y élancer.
[...]
Bientot à la naissance d'un enfant, on planta l'arbre natif qui devait être son compagnon et son conseiller pendant toute sa vie.
Plus tard, un massif représenta toute une famille.
[...]
Si un enfant mourait, on l'enterrait sous son arbre, encore arbrisseau. Il n'en était pas de même s'il s'agissait d'un homme.
Les Celtes usaient de diverses et étranges moyens vis-à-vis des dépouilles humaines pour les faire disparaître. Dans tel pays, on les brûlait, et l'arbre natif fournissait le bois du bûcher; dans tel autre, le "Todtenbaum" (l'arbre de mort), creusé par la hache, servait de cercueil à son propriétaire. Ce cercueil, on l'enfouissait sous terre, à moins qu'on le livrât au courant du fleuve, chargé de le transporter Dieu sait où! Enfin, dans certains cantons existait un usage,- usage horrible!- qui consistait à exposer le corps à la voracité des oiseaux de proie; et le lieu de cette exposition lugubre, c'était le sommet, la cime de ce même arbre planté à la naissance du défunt, et qui cette fois, par exception ne devait pas tomber avec lui.
Par cette méthode de restituer les dépouilles humaines aux quatre éléments, l'auteur donne aux Celtes une origine indienne. Puis il donne quelques exemples de découvertes: Vers 1560, des ouvriers hollandais, occupés à fouiller un atterrissement du Zuiderzée, recontrèrent, à une grande profondeur, plusieurs troncs d'arbres miraculeusement conservés par pétrification. Chacun de ces troncs avait été habité par un homme dont il conservait quelques débris, eux-mêmes presque fossilisés. Evidemment, c'était le Rhin, ce Gange de l'Allemagne, qui les avait charriés jusque-là, l'un portant l'autre.
C'est un arbre que le monde, dont la racine profonde Jusques aux enfers atteint. De vert le feuillage est peint, |
La fleur est plaisante est belle, Le fruit suit de près la fleur. La fleur qu'il porte, on l'appelle Liesse, et le fruit douleur. |
"Au temps jadis, bien avant que l'homme apparaisse sur la terre, un arbre géant s'élevait jusqu'aux cieux. Axe de l'univers, il traversait les trois mondes. Ses racines s'enfonçaient jusqu'aux souterrains abîmes, ses branches atteignaient l'empyrée. Les eaux puisées dans le sol devenait la sève; des rayons du soleil naissaient ses feuilles, ses fleurs et ses fruits. Par lui, descendait le feu du ciel; sa cime, rassemblant les nuages, faisait tomber les pluies fécondantes. Vertical, l'arbre assurait la liaison entre l'univers ouranien et les gouffres chtoniens. En lui, le cosmos perpétuellement se régénérait. Source de vie, l'arbre abritait et nourrissait des milliers d'êtres. Entre ses racines rampaient des serpents, les oiseaux se posaient sur ses branches. Les dieux eux-mêmes faisaient de lui leur séjour.
Cet Arbre cosmique, on le retrouve dans presque toutes les traditions, d'un bout à l'autre de la planète, et l'on peut supposer qu'il existait partout, même là où son image s'est effacée."
Jacques Brosse - Mythologie des arbres.
ymbole de la vie en évolution et en ascension vers le ciel, il évoque la verticalité et sert à symboliser le cycle de la vie, mort et régénération. Il met en relation les profondeurs de la terre par ses racines et le cosmos par ses hautes branches qui se tendent vers la lumière et symbolise les rapports qui s'établissent entre la terre et le ciel.
Il sera représenté par une essence majestueuse, le chêne chez les celtes, le frêne dans les pays scandinaves, le cèdre et l'olivier en Orient, etc..; les arbres à feuillages persistants symboliseront la vie éternelle, les feuillus, la régénération ou le cycle des morts et renaissances.
ans le "Roman d'Alexandre", œuvre qui eut un grand succès au Moyen-Age, tant en France qu'en Europe et au Proche-Orient, d'abord attribuée à Callisthène, que l'on alloua ensuite à un Pseudo-Callisthène, Egyptien ou Grec d'Egypte dont le véritable nom ne nous est pas parvenu, un prêtre propose au roi de Macédoine, de lui montrer les arbres sacrés du Soleil et de la Lune qui prédisent l’avenir. Alors que l’arbre du Soleil lui annonce qu’il sera le maître du monde, mais qu’il ne reverra jamais sa patrie, l’arbre de la Lune prédit que sa fin est proche et qu’il sera trahi.
Ce poème d'Alexandre écrit en vers de douze syllabes donnera pour cette raison, l'"alexandrin".
ans la Bible et dans les rêves, les arbres représentent l'ambition démesurée des grands sur terre.
Ainsi Nabuchodonosor est cité dans le livre de Daniel qui interprète les songes capable de conseiller le roi de Babylone, surpassant en sagesse les magiciens chaldéens.
Ainsi Nabuchodonosor fit un rêve qui l'effraya: ...les pensées dont j'étais poursuivi sur ma couche et les visions de mon esprit me remplissaient d'épouvante. J'ordonnai qu'on fît venir devant moi tous les sages de Babylone, afin qu'ils me donnassent l'explication du songe. Alors vinrent les magiciens, les astrologues, les Chaldéens et les devins. Je leur dis le songe, et ils ne m'en donnèrent point l'explication. Voici la vision de mon esprit lorsque j'étais sur ma couche : Je regardais, et voici qu'il y avait un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était extrême. En dernier lieu, se présenta devant moi Daniel, nommé Beltschatsar d'après le nom de mon dieu, et qui a en lui l'esprit des dieux saints. Je lui dis le songe: "Pendant que j'étais sur ma couche. Je regardais, et voici, il y avait au milieu de la terre un arbre d'une grande hauteur. Cet arbre était devenu grand et fort, sa cime s'élevait jusqu'aux cieux, et on le voyait des extrémités de toute la terre. Son feuillage était beau, et ses fruits abondants; il portait de la nourriture pour tous; les bêtes des champs s'abritaient sous son ombre, les oiseaux du ciel faisaient leur demeure parmi ses branches, et tout être vivant tirait de lui sa nourriture. Dans les visions de mon esprit, que j'avais sur ma couche, je regardais, et voici, un de ceux qui veillent et qui sont saints descendit des cieux. Il cria avec force et parla ainsi: "Abattez l'arbre, et coupez ses branches; secouez le feuillage, et dispersez les fruits; que les bêtes fuient de dessous, et les oiseaux du milieu de ses branches! Mais laissez en terre le tronc où se trouvent les racines, et liez-le avec des chaînes de fer et d'airain, parmi l'herbe des champs. Qu'il soit trempé de la rosée du ciel, et qu'il ait, comme les bêtes, l'herbe de la terre pour partage. Son coeur d'homme lui sera ôté, et un coeur de bête lui sera donné; et sept temps passeront sur lui....". Cette sentence est un décret de ceux qui veillent, cette résolution est un ordre des saints, afin que les vivants sachent que le Très Haut domine sur le règne des hommes, qu'il le donne à qui il lui plaît, et qu'il y élève le plus vil des hommes."
Alors Daniel lui expliqua que l'arbre était le grand roi qui était là, que son royaume lui restera quand il reconnaîtra que celui qui domine est dans les cieux.
Et les choses s'accomplirent comme il était dit dans le rêve: il fut chassé du milieu des hommes, il mangea de l'herbe comme les boeufs, son corps fut trempé de la rosée du ciel, puis la raison lui revint. Il béni le Très Haut, loua et glorifia celui qui vit éternellement. Alors il retrouva son royaume ayant banni son orgueil.
Voir également "Les arbres métaphoriques": voir
Dans le livre d'Ezekiel (17:24), Dieu rappelle aux juifs qui se détournent de lui, qu'il est le seul seigneur et source de vie: "Alors tous les arbres des champs sauront que je suis le Seigneur: je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai."
ne légende apocryphe, écrite en latin, appelée "légende du bois de la Croix" de la fin du XIIe ou début du XIIIe siècle, traduite en diverses langues vernaculaires, fut très populaire dans la seconde moitié du Moyen Age. Elle raconte qu'Adam, âgé de neuf cent trente deux ans, malade, faible et las, demande à son fils Seth de retourner au Paradis terrestre pour rapporter "l'huile de miséricorde" promise par Dieu pour la fin des temps. Arrivé en ce lieu, Seth se la voit refusée mais un ange l'autorise à jeter un coup d'oeil par la porte entrouverte et peut voir ainsi un très grand arbre sans feuille et sans écorce dont la cime touche au ciel. Seth comprend qu'il y a un lien entre le dessèchement de cet arbre et le péché de ses parents. Regardant plus attentivement à la cime de l'arbre, il y aperçoit un petit enfant enveloppé dans des linges alors que les racines de l'arbre plongent dans les Enfers où Seth voit l'âme de son frère Abel. L'ange explique à Seth que l'enfant est Jésus, l'huile de miséricorde désirée par Adam.
Jésus viendra sur terre et sera le salut des hommes et l'ange offrit trois graines de cet arbre que Seth devra mettre dans la bouche de son père mort.
Seth obéit à l'ange et de ces trois graines poussèrent trois arbres d'essences différentes qui fusionnèrent pour former un unique arbre qui, coupé sur les ordres de Salomon, servira à construire son temple. Après mille péripéties, ce bois sera utilisé pour la construction de la Croix.
Sur la célèbre "Mappa mundi" de la cathédrale de Hereford, figurent Adam et Eve chassés du paradis par un ange, surmontés des racines de l'arbre sec avec cette mention "Arbor balsami id est arbor sicca".
Ainsi, Jésus se reliait à l'Ancien testament pour ne faire qu'une seule histoire et pouvait se désigner comme le nouvel Adam. (voir également arbre généalogique de Jésus..)
Selon une autre légende, la Vierge Marie et l'Enfant Jésus seraient apparus à Philippe le Bon, sur le tronc d'un arbre sec, avant une bataille contre les Français. Il aurait alors prié pour la victoire devant cette apparition qui lui fut accordée. La "Confrérie Notre-Dame de l'Arbre Sec " à Bruges dont Petrus Christus et sa femme devinrent membres, aurait été instituée en remerciement et pour la commémoration de cette victoire.
À Gand, existait également une confrérie de Notre-Dame de l'Arbre Sec dont la chapelle était dans l'église du couvent des pères ermites augustins. En 1540, Charles-Quint en confisqua les biens, et elle fut supprimée.
"Cet arbre m'est une plante de salut éternel; il me nourrit, et j'en fais mon régal. Par ses racines je m'enracine et par ses branches je m'étends, sa rosée me réjouit et son esprit comme un vent délicieux me fertilise. A son ombre j'ai dressé ma maison, et fuyant les grandes chaleurs j'y trouve un abri plein de rosée. Ses feuilles sont ma frondaison, ses fruits mes parfaits délices, et je jouis librement de ses fruits, qui m'étaient réservés depuis l'origine. Il est dans ma faim ma nourriture, dans la soif, ma source, mon vêtement dans la nudité, car ses feuilles sont l'Esprit de vie; loin de moi désormais les feuilles de figuier! Quand je tremble devant Dieu, il est ma protection, quand je chancelle, mon appui, le prix de mes combats, la récompense de mes victoires. C'est pour moi le sentier étroit et la route resserrée; c'est l'échelle de Jacob et le chemin des anges, au sommet duquel le Seigneur est vraiment appuyé. |
'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal
Adam et Eve de Lucas Cranach l'Ancien..
Dès le Haut-Moyen-Age, l'Eglise assimila le premier à la Croix du Christ
Arbre de la croix franciscain- milieu du XIVe siècle. qui fait de cette dernière " l'arbre de vie
Arbre de vie- XVIIe siècle." dont Jésus est le fruit mais aussi "arbre de la science", en regard des Evangiles.
L'arbre de saint-François.Dans la guerre des images que se livrent catholiques et protestants, l'arbre cosmique qui relie la terre au ciel, au tronc anthropomorphe est repris par les premiers comme médiateur entre les dominicains agenouillés et le ciel de gloire où règnent Dieu, le Christ et une colombe, symbole de l'esprit avec douze langues de feu qui comme à la Pentecôte tombent du ciel. L'arbre cosmique devient l'arbre de vie biblique.
e Lignum Vitae ou "l’Arbre de Vie" est un ouvrage de méditation spirituelle rédigé vers 1260 par Bonaventure.
Une gravure de la seconde moitié du XVe siècle illustrant le même ouvrage propose aux fidèles une méditation sur l'arbre de vie, symbole de la croix. Les branches et les feuilles de l'arbre, au sommet duquel est disposé le nid du pélican permettent de mémoriser les douze articles de la foi. Les branches sont écotées mais les feuilles déployées témoignent de la vitalité de l'arbre. Un gland, signe royal au niveau des plus hautes branches évoque le chêne de la justice; le Christ est en effet une icone obligée des salles des tribunaux d'alors.
n 1597, après la signature de l'edit de Nantes, Sully, premier ministre d’Henry IV, ordonna pour symboliser la paix retrouvée après 30 ans de guerre de religions, que soit planté un tilleul ou un orme devant l’église de chaque village de France pour que les paroissiens puissent après l’office converser sous son ombrage.
Certains de ces arbres sont toujours vivants et font l'objet d'une protection par leur classement en "arbres remarquables".
Un arbre de la paix est érigé au fil des années dans plusieurs pays, oeuvre de Hedva Ser.
a symbolique de l’Arbre de mai est en lien avec l’archétype de l’Arbre de vie, de l’Arbre en tant qu’axe du monde décrit par Mircea Eliade, ou de l’Arbre-Monde. L’arbre-monde est un symbole renvoyant, au sein de plusieurs mythologies, à l'existence d'un arbre cosmique reliant les différentes parties de l’Univers, le monde céleste, terrestre et souterrain.
Cet usage de planter des arbres comme signe la joie populaire existait chez les Gaulois comme chez les Romains et l’on en plantait en beaucoup d’endroits pour célébrer la venue du printemps.
En Grèce antique, les Ménades effectuaient une danse de Mai à base de rubans dans le but de reconstituer le corps de Zagreus/Dionysos qui avait été découpé en morceaux par les Titans, ce qui n’est pas sans rappeler le mythe d’Osiris. On trouve ainsi, sur des poteries grecques du Ve siècle av. J.-C., Dionysos représenté comme un arbre habillé et masqué, couronné et entouré de Ménades enroulant des rubans à base de feuilles et de fleurs, autour de son corps démembré.
Pieter Brueghel l'Ancien - Danse autour de l'arbre de mai |
Pieter II Brueghel- L’Arbre de mai. |
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Plus près de nous, la tradition de l’Arbre de mai était un rite de fécondité lié au retour du feuillage des arbres. Elle consistait à planter un arbre dans le courant du mois de mai.
C’est le plus souvent dans la nuit du 30 avril au 1er mai, que cette ancienne tradition voulait qu’on apporte un arbre de la forêt et qu’on le plantat sur la place du village. Cette fête célèbrait le printemps et la résurrection du monde végétal et avait pour fonction de stimuler les forces de la nature. Ce rite de fécondité, lié au retour de la frondaison, marquait aussi le passage d’une saison à l’autre. Autour de l’arbre du renouveau, orné de fleurs, de guirlandes et de rubans, la population se réunissait pour festoyer pendant tout le mois de mai. L’arbre de l’année précédente était brûlé, ses cendres réputées pour leurs vertus fertilisantes.
L'Eglise récupéra cette tradition en fêtant Marie au mois de mai et la résurrection du Christ, le jour de Pâques.
epuis la Révolution française, l’arbre de la liberté est par sa croissance un symbole de vie.
Plusieurs années avant celle-ci, en 1782, le comte Camille d'Albon, acquis aux idées de J.J. Roussseau, planta un arbre de la liberté dans les jardins de sa maison de Franconville en hommage à Guillaume Tell qui, pour les Suisses, reste le héros symbole de la lutte pour la liberté.
Dans son ouvrage contant ses voyages au Moyen-Orient et en Méditerranée, Charles Magius nous livre des peintures qui les illustrent. Le sixième tableau évoque sa capture par les Turcs, alors qu'il défend Famagouste sur l'île de Chypre, où il est fait prisonnier et réduit en esclavage.
La sixième offre le plan de Chypre, qui appartenoit alors aux Venitiens. Ce fut dans cette île que Magius eut son principal emploi, ayant été choisi par le Sénat pour commander les Troupes destinées à la défense; ce fut là aussi qu'il essuya la plus grande disgrâce, y ayant été fait esclave par les Turcs; c'est ce que le Peintre
a voulu exprimer par l'emblème d'un arbre battu des vents, & brisé par la foudre; du tronc duquel on voit sortir un beau rejetton éclairé par le plus brillant soleil, avec cette devise au dessus du rejetton: "Contracta, adhuc virens solo extollitur." Peut-être que dans cette devise, Magius a compté faire allusion à lui-même, & donner à entendre que lorsqu'il eut recouvré la liberté , malgré toutes les peines & les traverses qu'il avoit essuyés, il étoit encore en état de rendre service à la République; peut-être aussi n'a-t'il voulu que son fils, l'unique espérance de sa maison.
Après avoir eu plusieurs maîtres, il est vendu à des marchands chrétiens par qui il pourra rejoindre Venise.