Paolo Santarcangeli- Le livre des labyrinthes.
on étymologie reste inconnue. Le suffixe inthos est sans doute issue d'une langue non indo-européenne que les Grecs auraient reprise lors de leur invasion vers l'an 2000 av. J.C.. Le radical labyr, peut-être du mycéen dabyr, "maison de la double-hache" en tant qu'insigne de pouvoir dont Plutarque avait déjà fait le rapport. Cette version défendue par Evans a l'avantage de lier deux emblèmes tout à fait complémentaires.
La "linéaire B" déchifféee par Michael Venris remet en question cette étymologie car on trouve sur des tablettes le mot "da-pu-ri-to-jo" qui, en relation avec d/l, semble associé à "po-ti-ni-ja", c'est à dire Potnia, ce qui voudrait dire que dans le labyrinthe ou dapurito règne une divinité féminine. Sur ces tablettes on trouve aussi "da-da-re-jo". Serait-il le labyrinthe non pas habité par le Minotaure mais par Potnia comme le pense Cagiano de Azevedo.
Dans la langue grecque, il existe un suffixe inda auquel on pourrait supposer une certaine relation ou corruption avec celui de inthos, en considérant le premier appartenant à un élèment pré-indo-germanique de la langue grecque. Cette désinence s'utilise seulement et uniquement pour des jeux d'enfants car il signifie jouer. Donc le mot labrinda, jeu de la caverne, aurait pu devenir "labyrinthos" chez les Grecs.
Au Moyen-Age, selon Isidore de Séville, le mot labyrinthe était censé provenir de l'expression latine Labor intus, ce qui ne peut être, le labyrinthe n'étant pas de cette origine. Tout chrétien se voyait récompensé de la peine endurée par le parcours méandrique de l'existence par l'accès au monde baigné de la lumière divine.
e labyrinthe renferme le chemin de l'origine, celui qui conduit à la racine dernière, la vérité radicale. La réalité elle-même de cette racine est figurée par le Minotaure ou Dionysos, mais le labyrinthe a été construit par les hommes pour y cacher cette réalité.
dans le résumé de l'oeuvre d'Angele Kremer-Marietti - Nietzsche : l'homme et ses labyrinthes.
Figure ancrée chez tous les peuples depuis des millénaires, peut-être issue des rites initiatiques, la figure du labyrinthe nous fut transmis par l'Egypte et la Grèce à travers les mythes dont la signification n'est peut-être pas si différente de celle de l'homme de l'âge de bronze et du Zoulou des terres d'Afrique australe.
Sa figure se perd dans la nuit des temps mais pour nous, c'est par le palais de Minos, bien qu'il ne contienne pas de labyrinthe, où est enfermé le Minotaure, d'où put sortir Thésée grâce au fil d'Ariane qu'il nous fut transmis.
C'est un tracé complexe contenu dans une forme circulaire, à l'instar du mandala, ou carrée, qui protège un centre, but du voyage initiatique. Ce centre, réservé à l'initié, l'enferme dans le secret. Le labyrinthe conduit ainsi à l'intérieur de soi-même, vers une sorte de sanctuaire intérieur caché, dans lequel siège le plus mystérieux de la personne humaine.
Il arriva en Europe via la Méditerranée et sa première représentation dans l'ère chrétienne est celle de l'église de Sainte Reparata à El-Asnam dans l'Algérie romaine, au centre duquel se lisent les mots SANCTA ECLESIA.
Après les croisades, le chemin de Jérusalem étant devenu impraticable, l'Eglise remplaça ce pélerinage par le parcours des labyrinthes dessinés dans les cathédrales d'Amiens, Auxerre, Bayeux, Caen, Châlons-sur-Marne, Chartres, Reims
devenu le logo des "Bâtiments historiques"., Sens, abbayes de Saint-Omer et de Saint-Quentin et Basilique de Guingamp qui se faisait à genoux, ferveur, recueillement et esprit de repentir, lequel donnait au pénitent la véritable qualification de pélerin puisque le centre figurait évidemment la cité tant espérée: Jérusalem, enfin atteinte après tant de détours longs et trompeurs!
Il faut noter le labyrinthe de la cathédrale de Poitiers, gravé sur le mur nord l'édifice qui est peut-être le modèle de celui qui aurait disparu avec la réfection du pavement au XIXe siècle.
A certaines époques de l'année, le labyrinthe servait d'aire de jeu puis son aspect ludique prit le pas sur l'esprit de pénitence, et le profane sur son symbolisme. Aussi certains furent détruits.
Le jeu de paume que les ecclésiastiques effectuaient le jour de Pâques sur le tracé du labyrinthe pourrait être une nouvelle illustration et considéré comme un nouveau parcours du labyrinthe faisant faire un maximum de pas en tous sens dans un espace limité, et serait ainsi une autre représentation de la Résurrection.
On peut voir ici comment l'Eglise avait intégré dans ses rites, des éléments "magiques" et païens pour en donner un sens religieux qui, par les opposants à ces pratiques, s'amenuisera pour créer un homme séparé de ses besoins d'expession corporels.
Cette figuration du labyrinthe dans le monde chrétien qui rappelle celle représentée dans les villas romaines, interroge Marcel Brion: Le symbolisme du labyrinthe, tel qu'il ressort, dans son universalité, de son image même, en soi, est si primordial, si naturel, que je me demande si la finalité des labyrinthes chrétiens n'est pas postérieure à leur figuration: je veux dire si l'on a pas utilisé ces figurations pour la fonction de remplacement des pélerinages et des croisades, plutôt qu'on ne les a pas composés en vue de cette fonction; en d'autres termes, si à l'origine et essentiellemnt, le labyrinthe chrétien qu'on appelle "lieu de Jérusalem" n'a pas évoqué, d'abord, le voyage de l'âme humaine dans le monde souterrain, les combats qu'elle doit y livrer, avant de parvenir à la lumière, à l'illumination.
Parcours héroïque dans son essence où l'homme peut se perdre, il perdra au cours des siécles cette dimension sublime pour devenir qu'un amusement mondain au XVIIIe siècle puis ne subsistera que le jeu destiné à l'amusement des enfants.
Le labyrinthe ressemble en de nombreux points à la forêt et dans "Le petit Poucet", le fil d'Ariane a été remplacé par de petits cailloux que l'enfant sème derrière lui et son expérience à celle d'Alice, passant de l'autre coté du miroir pour atteindre le pays des merveilles.
ans les églises, c'était un simple tracé au sol alors qu'au jardin, il connut de nombreuses variantes, du simple tracé sur gazon, aux haies de plus de trois mètres en passant par la simple bordure en buis.
Avec Jeff Saward et Hervé Brunon, on peut diviser cette figure en deux éléments distincts:
• le labyrinthe a un simple parcours complexe par ses circonvolutions mais unique tel celui des églises où il est impossible de se perdre et dans lequel le fil d'Ariane est inutile, et
• le dédale qui offre une multitude d'impasses et chemins divers dont un fil conducteur est nécessaire si l'on veut revenir sur ses pas afin d'en sortir. Celui-ci conduisait de l'entrée à un centre ou à une sortie quelquefois confondue avec la première.
Le labyrinthe est la somme de deux thèmes que l'on retrouve dans toutes les cultures: la tresse ou les entrelacs délimités dans un espace fermé et dont les chemins sont multiples et la spirale, espace ouvert et dont un chemin unique mène au centre.
Pauvre âme compliquée! Ame labyrinthique, confuse, énigmatique.qui se poursuivra un siècle plus tard puisque Goethe écrira: lire"C'est que les hommes ne savent pas
Hors de ces tracés, se substitue à cet aspect une réalité plus oppressante: les machines complexes, les mégapoles, les villes nouvelles, les quartiers résidentiels concentrationaires, les bâtiments aux couloirs interminables, les constructions telles que les gares, les aéroports, mais aussi les voies de communication telles des toiles d'araignées, nous enferment de plus en plus dans un monde dépourvu de fil conducteur et où, au réel s'ajoute le virtuel labyrinthique du cinéma et des jeux vidéo, ces derniers, sortes de poupées gigognes dans le labyrinthe du Web.
Ainsi A l'intérieur de lui, l'homme n'est pas seulement un "inconnu sur terre" mais aussi un étranger pour lui-même: une part aliénée de son être.
L'individu est coupé en deux: une moitié est associée au labyrinthe du monde car il consent ou participe à cette construction de plus en plus complexe alors que son autre moitié tente son individualisation pour le demeurer au monde.
Lors de la sortie du "terrier" de Kafka aménagé en labyrinthe, le narrateur dira: Il me semble alors que je ne suis pas devant la maison, mais devant moi-même;
De même Umberto Eco dans son roman "Le nom de la rose", alors que le narrateur est dans le labyrinthe de la bibliothèque et qu'il s'écrie: Un diable!
, frère Guillaume lui répond: Tu as peur devant ta propre image. Un miroir, qui te renvoie ton image grandie et déjetée.
"Les labyrinthes modernes sont souvent présentés comme une oasis de tranquilité dans un monde trop chaotique, comme un lieu de paix où l'on peut consacrer du temps à la méditation et à la contemplation. Le chemin sinueux du labyrinthe invite le marcheur à libérer son esprit, à ralentir le pas, à rafraîchir son âme. Un médecin explique en ces termes l'apparition de labyrinthes permanents sur des terrains appartenant à des hôpitaux, à des écoles de médecine ou des hospices: "Si la médecine peut guérir le corps, le labyrinthe est un instrument qui permet de soigner l'âme." Ces paroles semblent confirmer qu'une promenade dans un labyrinthe peut avoir des effets bénéfiques, comme certains l'affirment depuis les années 1990."
"Le labyrinthe archétypal associe un plan ornemental et plusieurs niveaux de signification symbolique; ces dernières années, sa dimension artistique et spirituelle lui a valu de figurer dans de nombreux parcs publics, jardins privés, églises et autres lieux de culte, comme aide à la méditation ou à la réflexion sur la complexité de la vie moderne."
Au Moyen-Age, dans les édifices religieux, par l'étymologie qui lui était donnée, le labyrinthe représenta d'abord "les pérégrinations de l'existence humaine dans le monde du péché, les tribulations de l'âme, qui, à condition d'être guidée par le "fil du Christ" selon l'expression de saint-Jérôme, peut parvenir à la rédemption." puis il servit de métaphore au pélerinage à Jérusalem.
La longueur du parcours était d'une lieue car le temps pour le parcourir à genoux correspondait à celui qui, sur le chemin de Jérusalem, parcourait une lieue à pied; elle prenait dans l'église le nom de lieue de Jérusalem.
Une approche comparable a fait de Thésée une figure christique qui terrassait le diable, les entrelacs dédaliens considérés comme les obstacles entre l'homme et Dieu car le diable, génie de la désunion comme le Minotaure, incarnait la rupture avec l'unité puisque hybride!
A la Renaissance, Thomas Wyatt, protestant, au retour d'une mission diplomatique à Rome qui avait échoué, en modifia le sens en figurant au centre d'un labyrinthe un Minotaure dont la partie humaine était le pape portant une tiare sur le point de tomber.
Il faut noter que la plupart des labyrinthes des cathédrales étaient à une seule voie probablement pour marquer que seul le chemin du Christ amenait à la Jérusalem céleste!
Deux labyrinthes avaient la même forme que des fonts baptismaux, c'est à dire octogonale, qui dans la symbolique de Saint-Ambroise est l'image de la naissance, de la résurrection, de l'homme nouveau.
Le labyrinthe est associé à la double hache, à la ville de Troie et aussi au noeud de Salomon, symbole de mort et de résurrection spirituelle.
Quant au Minotaure, il symbolise toutes les forces animales archaïques et appartient au règne des instincts obscurs. Sa mort par Thésée, aidée par Ariane, symbolise le combat spirituel qui doit mener le futur initié. Ce scénario ... sur le plan mythique universel est celui du héros libérateur ou sauveur, dont les caractéristiques, depuis Gigamesh, sont constantes. Ch. Baudouin les a énumérées: "Ce sauveur doit d'abord être sauvé lui-même; il participe par quelques traits à la nature du monstre qu'il doit combattre; enfin, la victoire qu'il remporte apparaît comme un victoire sur la mort; le héros accède à l'immortalité, concue elle-même comme une seconde naissance.
Boccace, dans son ouvrage "Généalogie des dieux païens", développa des interprétations allégoriques dans une perspective catholique romaine et assimila Pasiphaé à l'ame, Minos à un enfant de Dieu, incarnant la raison humaine. Pasiphaé, inflencée par Vénus, source de la luxure s'offre au plaisir symbolisé par le taureau. De cette union adultère naitra le Minotaure qui devra être caché dans la prison que sera le labyrinthe.
e parcours du labyrinthe repose sur les paradoxes unifiant l'harmonie au désordre, l'ordre au chaos, la cohérence à la confusion, l'errance à l'enfermement, la mort et le renouveau et est en ce sens le modèle de la concordia discors.
C'est descendre au royaume du secret, du désespoir, de la purification, de la rencontre avec soi-même et de la liberté.
Il semble que partout dans le monde, il soit associé à la mort, symbolique ou réelle; c'est l'archétype de la Connaissance par lequel l'individu passe d'un monde à un autre en devenant initié, connaissant. Sa traversée est aussi comparée à une descente aux enfers comme le fera remarquer Roger Caillois et son cheminement vers la sortie, une nouvelle vision du monde. Le voyage dans le labyrinthe indique donc le cheminement intérieur vers la connaissance de soi. Il nécessite que l'individu surmonte les obstacles qui s'opposent à lui pour une élévation spirituelle qui lui permettra sa résurrection.
Le minotaure ayant été tué, il peut être vu comme le passage de l'ombre à la lumière!
"Le labyrinthe sert d'abord à enfermer la bête monstrueuse- image même du danger le plus immédiat auquel l'homme devait faire face: la Bête, l'animal féroce, la sauvagerie qui, en lui ou hors de lui, menace toujours l'homme dans son humanité. La circonscrire consiste pour l'homme à s'empêcher lui-même de retourner en arrière, vers la bestialité qui était l'état pré-humain. Mais il ne suffit pas d'enfermer la bête. Il faut aussi la tuer et le courage d'entrer dans le labyrinthe est nécessaire, de même une fois le travail accompli, l'astuce, l'intelligence pratique, permettront d'en sortir vivant. Celui qui pénètre dans le labyrinthe se pare d'une aura de courage et de ruse. Il emploie rarement la force. Le labyrinthe est le lieu de la métis ...: lieu de l'intelligence pratique, de l'ingéniosité qui utilise la feinte, la magie ou l'artifice pour s'en sortir. C'est aussi l'intelligence éminemment humaine qui sait que le détour est souvent plus efficace que l'affrontement direct. Le labyrinthe est en soi un détour. Il est le lieu où s'accomplit la confrontation avec nos peurs archaïques et le lieu de la métamorphose."
Selon cette auteure, les buis du labyrinthe du jardin du Quirinal étaient entretenus avec du sang de boeuf.
Dans la représentation Minerve et le centaure
Minerve et le centaure de Sandro Botticelli, Minerve pose la main sur la tête du centaure pour symboliser le passage de la sagesse de la sphère des mystères dyonisiaques à la dimension humaine. A la Renaissance, le centaure était considéré comme le symbole de la luxure et de la cécité que l'on peut rappprocher de l'ignorance.
La lutte de Thésée contre le Minotaure, c'est la victoire de l'homme supérieur, de l'homme spiritualisé par la présence et l'assistance d'Ariane, du héros, l'adepte, l'initié.... La victoire sur l'hybride, composé d'homme et de bête, représente tout ce côté animal que l'homme doit tuer en lui-même afin de parvenir à la sagesse, à la connaissance, à la béatitude des "héros". Victoire du spirituel sur le matériel, de l'éternel sur le périssable, de l'intelligence sur l'instinct, du savoir sur la force aveugle: ... c'est la victoire de Thésée sur lui-même.
L'individu est parvenu à "la noble condition d'homme".
Dédale après s'être enfuit du labyrinthe alla en Sardaigne puis à Cumes en Italie où il bâtit un temple dédié à Apollon; ensuite il trouva refuge en Sicile à Kamicos, chez le roi Cocalos dont ses filles le protégeront des fureurs vengeresses de Minos en le tuant dans son bain. Diodore de Sicile nous dit qu'il construit la Colymbethra d'où s'échappe le grand fleuve Alabon, qui va se jeter dans la mer. Il construisit aussi sur un rocher élevé la ville imprenable de Cocalos car le chemin qui y menait était si étroit et tortueux que trois ou quatre hommes suffisaient pour en défendre l'accès. Ce qui incita le roi Cocalus à y transférer sa résidence et déposer ses trésors dans le labyrinthe souterrain situé sous la cité.
Cette dernière histoire nous donne une autre clé: celle qui ouvre la porte du trésor enfoui au dedans de nous-même, le Saint des Saints, le centre du labyrinthe inviolable, l'abri le plus sûr pour ce que l'homme a de plus précieux: sa parsonnalité la plus intime.
A la Renaissance, dans les emblèmes, nous voyons apparaître, au centre du labyrinthe, non plus le Minotaure mais un Centaure avec cette devise: "in silentio et spe", comme le fait remarquer Paolo Santarcangeli, "le Minotaure un doigt sur la bouche, comme double symbole du secret." pour nous signifier que l'intime, l'intimus, propre à chaque individu, avec son superlatif intérior détermine ce qui est caché au plus profond de nous-même et qui ne se dévoile pas.
Car comme le dit Frédérique Malaval, l'intime est le lieu de vérité du sujet, qui ne se dévoile pas, mais donne le sens à l'apparaître de l'homme.
" Il [Le labyrinthe] contient en effet un thème mental d'une portée et d'une résonance universelles, mêlé d'angoisse et d'espoir, et capable à la fois de nourrir une sorte de cauchemar intellectuel très proche de la folie, et sur un autre plan la méditation des sages. Cela à l'aide de la même image, celle d'un passage long, tortueux, pleins de périls et d'embûches, au fond duquel gît Quelque Chose, peut-être le Monstre, peut-être le Trésor, peut-être les deux à la fois."
Samivel cité dans Le livre des labyrinthes.
Le labyrinthe se veut l'image de la vie et il peut être inutile d'entrer dans celui-ci pour obtenir un résultat; dans le cas où l'individu se perd dans une société devenue trop complexe, inhumaine sous bien des égards, comme dans le cas du président de Brosses, il devra faire appel à une aide extérieure afin de revenir à son équilibre.
De même Sénèque compara la vie à un labyrinthe lorsque l'individu se trompera de voie en prenant les moyens pour la fin. Aussi s'écarte-t-on davantage du but poursuivi; plus on s'épuise en efforts, plus on reste empêtré, ou rejeté en arrière. Ainsi l'homme qui dans un labyrinthe presse le pas se fourvoie en raison de la vitesse même.
Dans les jardins, il sera représenté comme l'image de la recherche de l'amour.
aracelse ne fut pas satisfait des interprétations du labyrinthe et transformera celles-ci en hérésie: il écrira une sorte de pamphlet contre ces visions hors de "la voie de Dieu".
Pourfendeur d'Avicenne, il défendra une médecine issue d'une seule voie, celle de la nature, contre les écrits qui ne menaient, selon lui, qu'à la confusion. lire
Cette voie qu'il considère la seule véritable ne peut conduire le médecin en quête de sagesse qu'à des égarements et Paracelse conclura: "Alors le scribe est inutile, hormis celui qui interprète le livre de la Nature selon son contenu et dans la mesure indiquée. Celui-là ne peut se tromper, car il est bon de s'abandonner à Dieu. Qui s'y fie nest pas entrainé dans le labyrinthe, n'estropie ni ne tue ses patients. Il m'a paru bon d'exposer de façon succinte afin que chacun sache comment enseigner la médecine et où se tient son école, et afin que le médecin du labyrinthe ne s'étonne point si son confrère parle et enseigne d'après un autre fondement que celui du labyrinthe. Heureux celui qui ne suit pas le labyrinthe mais préfère l'ordre de la Lumière de la Nature qui est ma médecine et le médecin.
Dans la même logique Thomas Digges déclarera dans un traité Pantométrie: " Le géomètre... sans pratique commettra des erreurs multiples ou tombera dans d'inextricables labyrinthes."
a littérature et la poésie à la Renaisssance furent grandement influencées par la figure du labyrinthe, de telle sorte que la structure et la légende sans qu'elle en soit apparente, étaient évoquées en filigramme dans la versification des poèmes. Ainsi Edmund Spencer, dans son ouvrage "La Reine des fées", éloge de la vertu représentée par la dynastie des Tudors, dira, chant 1:
Et lorsque Archimago les aperçut, il mis
Vite au point une ruse étrange, déroulant
Bientôt sa pelote trompeuse, et commença
A tisser une toile d'une ruse perverse,
Puis, prenant un bel aspect et un style flatteur,
S'approcha d'eux, parlant ainsi au chevalier:
Beau fils de Mars, vous qui, par des butins de guerre,
Et de nobles exploits cherchez à vous grandir,
Stoppez votre monture pour un pauvre miséreux.
es orateurs, contradicteurs ou narrateurs utiliseront fréquemment les détours du labyrinthe dans leurs arguties où mille ruses et mille artifices sont employés pour destabiliser ou convaincre l'adversaire. Déjà Boèce, au cinquième siècle, reprochait à son interlocuteur: Te moques-tu de moi, ... en tissant avec tes raisonnements un labyrinthe inextricable pour tantôt entrer par où l'on sort, tantôt sortir par où l'on entre, ou bien enroules-tu en un cercle merveilleux la divine simplicité?
Ici, la narration se double d'une autre figure, celle d'Arachné qui sera métamorphosée par Athena en araignée; Ariane se fait tisseuse et son fil se fait "toile"!
A la Renaissance, l'abus des lacis oratoires aménera Jacques de Mausac à tenter, au début de XVIIe siècle, de remettre ce genre de discours dans une voie plus conforme au sens commun: Seule Ariane, je veux dire Cicéron, les guidera à travers le labyrinthe et leur donnera le fil qui les conduira jusqu'à la fin souhaitée.
et Jean Du Pré de la Porte, en s'adressant aux magistrats: lire
es représentations labyrinthiques sont trop nombreuses pour ici les toutes représenter; je n'en ai retenu que trois pour l'imager.
On pourrait ajouter les oeuvres de M. C. Escher, Dali...
et diverses installations de Jeppe Hein et Michelangelo Pistoletto.
En musique, Jonathan Dove créera "Le monstre du labyrinthe" s'inspirant de l'histoire du Minotaure.