enri Sauval, avocat au Parlement, rassembla une importante documentation sur l'histoire de Paris qui fut publié en trois volumes après sa mort par son ami Claude-Bernard Rousseau.
"Quoique je sache que dans le jardin de Childebert, premier roi de Paris, et Ultrogothe, sa femme, il y avait des treilles, des roses, des fleurs et des pommiers entés de la propre main de ce prince, c'est néanmoins tout ce que je puis dire du jardinage de nos rois jusqu'à Charles V.
[...] Childebert, roi de Paris, et Ultrogothe, sa femme, avaient un beau jardin à Paris, où même il croissait du grain; surtout il y avait des roses qui sentaient si bon que Fortunat les comparait aux roses du Paradis.
De plus, il était peint de toutes sortes de fleurs; on s'y promenait à l'ombre sous des berceaux couverts de treilles, chargées de verjus; des pommiers entés de la propre main de Childebert, qui n'avait pas moins de passion pour l'agriculture que Cyrus, étaient encore une des admirations de Fortunat, qui ne saurait s'empêcher de le témoigner et de se jouer dessus.
La plupart des auteurs, au reste, qui ont écrit de Paris prétendent que ce jardin tenait au palais où se tient le parlement.
Du Peira, qui n'est pas de cet avis, veut qu'il était au Pré-aux-Clercs, mais enfin les plus judicieux prétendent et assurent qu'il était dans l'université, près l'hôtel de Cluni et les ruines du palais des thermes bâti par les Romains. Quoi qu'il en soit, sur les ruines de cet ancien palais est encore un petit jardin suspendu de même que ceux de Babylone, que les fables des Grecs ont voulu passer pour un miracle. Il est aussi haut que les combles des maisons du voisinage et consiste en un parterre garni de roses, de fleurs, de compartiments de buis et soutenu sur des voûtes de brique d'une longueur et d'une largeur extraordinaires."
Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris.
ls étaient situés à Paris dans le quartier du Marais; c'était une résidence secondaire crée hors des murs de la capitale par le roi Charles V qui y venait en villégiature pour fuir les odeurs de Paris.
"Comme Charles V, qu'on a surnommé le Sage avec beaucoup de raison, entretenait des fours (sic), et leur faisait faire de superbes sculptures, ainsi que je montrai ailleurs, on ne doit pas s'étonner si je dis que dans ces maisons royales il y avait un papegaut, des tourterelles, des cages d'oiseaux, des volières, des sangliers, des lions et des lices.
A l'hôtel Saint Pol il fit faire une cage octogone, fermée de fil d'archal pour mettre son papegaut, que l'on appelait la cage du papegaut du roi.
[...] J'ai parlé déjà auparavant des chambres pour les tourterelles, et pour les chiens de la reine, du jardin pour les sangliers, des maisons des lions, des paons, des coqs, des pigeons, et des chapons de Flandre, que Charles V faisait nourrir à son hôtel des Tournelles.
[...] De son temps, tous les jardins royaux consistaient, pour l'ordinaire, en près, qu'on appelait des préaux, ou en vignes et en tonnelles. Les près et chaque jardin étaient environnés de haies, couvertes de treilles, enlassées et couchées en manière de losange, qui sont les tonnelles; et ces tonnelles tenaient par les deux bouts à des pavillons faits de même qu'elles, et, non seulement à chaque coin des jardins et des préaux, il y avait des pavillons, mais encore au milieu, et même d'autres tonnelles qui les traversaient et les divisaient en compartiments; dans les prés venait du foin qu'on fauchait quelquefois. Les vignes étaient plantées au bout du grand jardin, souvent dans le parc, et qu'on cultivait si bien, qu'il en recueillait d'assez bon vin tous les ans. Les pavillons étaient ronds ou carrés, ou l'un et l'autre alternativement; par dedans, tout autour, étaient des sièges de gazon, rehaussés par les marchepieds de même (sic) les treilles qui les environnaient finissaient en créneaux, ou en fleur de lis: les créneaux aboutissaient en tabernacle, à peu près comme un clocher couronné d'une grosse pomme, et d'où sortait une girouette peinte aux armes de France. Quant aux losanges et treilles ordinaires, elles étaient remplies de fleur de lis, et quelquefois pliés (sic), de sorte qu'elles représentaient les armes de France; celle des Enfants de France et des princes du sang.
Au milieu d'un jardin, souvent au lieu de préau, se voyait une fontaine dans un bassin de pierre ou de marbre, qui jetait de l'eau par la gueule d'un lion ou quelque autre bête farouche.
Charles V fit semer tous ces jardins de semences de violiers, de courges, de choux, de romarin, de marjolaine, de sauge, de girofliers, de fraisiers, de lavande, de rosiers, même de pourpier, de laitue, de poirée et autres herbes et légumes. Il fit planter à l'hôtel Saint-Pol cinq quarterons de cerisiers à 5 sols le cent, et qui donnèrent commencement au jardin des cerisiers, autrement dit le préau, ou le jardin de la Cerisaie.
Au même hôtel Saint-Pol, en 1398, Charles VI fit planter dans le jardin du Champ-au-Plâtre 300 gerbes de rosiers blancs et rouges, 3 quarterons de bourdelais, 375 gouais de marêts, 300 oignons de lis, 300 de flambe, 115 entes de poiriers, 100 pommiers communs, 12 pommiers de paradis, un millier de cerisiers, 150 pruniers et 8 lauriers verts achetés sur le Pont-au-Change; la gerbe du rosier coûtait alors 20 sols parisis, les gouais de marêts en valaient 12, le cent d'oignons de lis 6, le cent de flambe 9, etc...[...]. En 1431, le duc de Bethford fit labourer à la charrue le grand jardin de l'hôtel des Tournelles, qui contenait 20 arpents, ou environ, où l'année suivante il planta une infinité de rosiers blancs, de romarins, de figuiers, de plus 4 entes de poiriers et de pommiers, 31 houx, 36 cormiers, 38 merisiers, quiniers et coigniers, 75 cerisiers et néfliers avec 200 épines; outre cela il fit ouvrir mille nonante neuf toises de tranchées de 2 pieds de large, sur autant de profondeur, pour y planter 5 913 ormes qu'on amena par eau au port de l'Ecole avec la racine, et qui coûtaient 4 livres parisis le cent; si bien que pour ce nouveau plan il fallut arracher les haies d'un labyrinthe, appelé la maison de Dedalus, dont on fit 501 quarterons de corerêts".
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es jardins étaient situés à mi chemin entre Arras et la mer, sur la rive de la Ternoise et combinaient le parc et le jardin d'agrément.
Les remparts du château faisaient partie de ceux de la ville; ils furent l'oeuvre de Thierry d'Hireçon sur demande de Robert II d'Artois à la fin du XIIIe siècle et furent en partie détruits par les Anglais durant la guerre de cent ans puis devinrent la propriété des Ducs de Bourgogne; Philippe le Bon s'en servit pour éblouir les diplomates anglais venus négocier un traité de commerce.
Au nord, un parc réservé à la chasse et au bord de la rivière, un pavillon de plaisance monté sur pilotis. Des automates avaient été installés par Robert d'Artois, inspirés de ceux construits par les Arabes dans les jardins siciliens. Des hommes de lettres en ont parlés dans leurs écrits et quelques enlumineurs s'en sont servis pour illustrer leurs ouvrages, tel Jean Miélot pour l'Epitre d'Othée à Hector de Christine de Pisan où des plateaux composent d'étonnantes estrades de fleurs, sorte de corbeilles à plusieurs étages dont parle Albert Maumené.
Danielle Quernel rend compte dans un colloque à l'abbaye de Saint-Arnould, que le jardin était orné de gloriettes, de fontaines, de jeux d'eaux et de toutes sortes de fantaisies amusantes et distrayantes.
Guillaume de Machaut qui fréquenta le jardin vers les années 1330, le présente ainsi: lire
es jardins du roi René sont restés célèbres dans l'histoire mais il n'en reste rien, tant en Provence que dans les palais et maisons des champs du Barrois et d'Anjou. Aucune représentation n'en donne une image exacte, même si l'on peut penser que les carrés de pelouse et de fleurs qui figurent sur une page d'un des manuscrits du "Mortifiement de vaine plaisance" sont inspirés par le paysage que l'enlumineur avait sous les yeux.
Aux manoirs angevins correspondront les résidences provençales, bastides, palais et châteaux que le roi René ne fréquentera guère avant son installation définitive en novembre 1471.
Aix en Provence au XVIe siècle.
toutes sortes d'herbes odorantes et de multiples fleurs parfumées aussi variées que le monde végétal peut en offrir.
Tarascon, sis au bord du Rhône, rappelle à René les paysages angevins. Il y dispose d’une magnifique forteresse construite par son père dès 1400 sur les ruines d’un ancien château mentionné dès 1040 et détruit fin XIVe siècle lors de la guerre dite de l’Union d’Aix. Son pouvoir y est également représenté par un palais et pour pallier aux inconvénients du château et à sa réparation, il achète en 1478 un hôtel particulier dans la ville même. Dans les comptes du roi René, Arnaud d’Agnel avait trouvé trace de l’achat par ce prince à Jeanne, veuve d’Aubert alias Vaignon, le 20 octobre 1478, d’une maison dans la ville de Tarascon, non loin du château. On sait toujours grâce à la transcription d’Arnaud d’Agnel que, par la suite, de nombreux travaux ont été ordonnés par le roi René dans cette maison...
Cette nouvelle résidence située dans le quartier juif n'est pas isolée: Jean de Vaulx, son secrétaire y possède également une maison- au moins dès février 1478. De même, la maison, en face de celle achetée par le roi, loge le sous-viguier. René a également la possibilité de créer un jardin sur l’île de Jarnègues de l’autre côté de la brassière du Rhône. Il achète une cour et un jardin pour compléter son domaine et surtout il fait aplanir des fossés pour se faire une promenade au bord du Rhône près du château, nous dit Arnaud d’Agnel.
À la fin du XVe siècle, Tarascon s’affirme de plus en plus comme résidence royale. René y détient un château, un palais et un hôtel particulier dont l’unité de lieu est très pratique pour le vieux roi.
Après sa mort et surtout le rattachement de la Provence à la France, les lieux de pouvoir et les résidences de plaisance de René dans ce comté vont très souvent disparaître ou subir d’importantes transformations. Si le palais comtal d’Aix connaît encore quelques siècles de gloire avec ses parlementaires jusqu’à sa destruction en 1787, les bastides aixoises sont très tôt abandonnées. Le château de Tarascon sert le plus souvent à loger des garnisons puis se transforme en prison, mais il est resté quasiment intact jusqu’à nos jours. Le palais est appelé dès le XVIe siècle "Maison du Roy" et garde sa fonction. Il sera le premier palais de justice de la ville de Tarascon.
Quant à l’hôtel particulier du roi, après Honorata Albe, son nouveau propriétaire Gaucher Quiqueran de Beaujeu depuis 1498 au moins, le vend en 1514 à Jean de Lamanon, boucher et néophyte tarasconnais, alias Davin de Melgueil son ancien nom juif, pour en faire la "tuerie" de la ville à savoir l’abattoir communal.
es romans de chevalerie sont l'aboutissement de la féodalité, système social où la classe des seigneurs est dominante notament vis à vis des clercs et des roturiers et où leurs façons de vivre sont les plus insouciantes: femmes élégantes et courtisans peuvent s'ébattre dans de beaux jardins.
l est désigné sous le terme de "verger"; celui-ci disparaîtra à la fin du Moyen Age et remplacé par celui de "jardin". |
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Voir également jardins courtois dans les romans médiévaux.
ien que l'on ait jamais trouvé trace de jardins près des châteaux moyenâgeux, des gravures nous montrent ceux-ci hors des murs; d'autres éléments, comme des pièces d'archives prouvent que des jardins étaient quelquefois associés aux châteaux de cette époque.
Ainsi le château de Blois, avant que Louis XII en fasse une résidence Renaissance, possédait un verger situé au pied des murailles.
Des pièces plus anciennes font état de travaux "alentour de nostre chastel de Blois" qui pourraient être ceux de la protection d'un jardin par une "haie d'espine cotonée et hericonnée, garnie de paux et jouaux renfforcez" et des gages d'un concierge jardinier, garde du "petit jardin assis en la Bretonnerie" qui sera qualifié de "grand jardin" 20 ans plus tard. Malgré que l'on ait peu de renseignements sur ces jardins, il est probable que ceux-ci n'atteignaient pas la beauté des jardins italiens que les Français découvriront lors des guerres d'Italie car le château-fort est totalement consacré à la défense et les jardins seigneuriaux sont dans les résidences de plaisance; ainsi les comtes de Blois auront les leurs à Chambon et Montfrault.
Les jardins bourgeois et seigneuriaux sont généralement formés de carrés séparés par les allées et entourés soit de murs, quelquefois crénelés, soit de murets, de barrières façonnées en croisillons ou de lattes clouées dans un cadre ou encore de haies taillées.
Dans chaque carrés sont regroupées les plantes dont la mise en terre se fait au même moment.
uelques jardins existaient à l'intérieur des fortifications de Paris mais les plus nombreux occupaient une zone à l'extérieur des remparts, ancienne boucle de la Seine passant au nord du cours actuel. Cette zone marécageuse fut d'abord occupée par des pâturages communaux puis par des près. Au début du XIIe siècle, la culture des légumes s'imposa sur l'ensemble du marais. Ces jardins étaient exploités par des professionnels appelés ortolans qui prendront le nom de maraîchers au début du XVe siècle.
Sur cette représentation de "la ville et château de Moulins" au xve siècle, nous pouvons remarquer plusieurs jardins entourés de pergolas situés dans les faubourgs de la ville. Ils sont tous entourés de murs.
Cliquez sur les jardins pour en voir les détails.
ette illustration montre que les jardins étaient cultivés hors des villes et dans leur périphérie, usage qui perdura jusqu'à l'époque moderne.
Des jardins existaient encore, il y a moins de cent ans dans la banlieue parisienne et des villes de moindre importance ont encore ce type de jardins dans leurs environs immédiats.
Des jardins étaient également en ville comme le prouve une lettre d'octoi, parodiant une charte d'octroi royal, qu'Eugène Deschamps accorde à un ami pour un logement dans son hostel de Paris.
Dans ce jardin, ni fontaine, ni carré d'herbes entourés de faïences, ni treillis, ni pergolas mais quelques plantes, des arbres fruitiers, un puits pour la toilette et l'arrosage ... et les w.c. au fond du jardin!
Dans les bastides du Sud-Ouest, chaque habitation possédait son jardin comme le montre ce plan de Sauveterre-de-Guyenne tandis que dans les villes bretonnes, les jardins se situaient entre les habitations et les remparts pour faciliter les déplacements des soldats lors des sièges.
ppelé courtil, il ne fait l'objet que de rares illustrations; rappelons que le paysan est un serf, au plus, un mangeur d'ail, de poireaux et d'oignons, et que sa misère n'aurait à paraître sur des documents destinés aux seigneurs. lire
C'est à cette époque que parut en Italie l'ouvrage de Pierre de Crescens, Liber ruralium commodorum qui témoigne des méthodes de culture en Italie au Moyen-Age. Charles V qui portait un vif intérêt à l'agriculture en commanda une traduction en français à Oresme, savant reconnu et un des promoteurs de la nouvelle physique dite de l'Impetus, qui parut sous le titre Livre des Prouffits Champestres et ruraux.
ccolé le plus souvent à un mur de l'habitation, il est entouré d'un simple plessis pour le protéger des voleurs et des animaux.
Les planches sont rectangulaires, légèrement surélevées, sans entourage.
Un puits à margelle ou à balancier est là pour l'arrosage des plantations à moins qu'il soit situé à proximité d'un cours d'eau. Dans certaines régions, une irrigation par des vannes est soumise à une législation afin de permettre à chaque parcelle d'avoir accès à l'eau.
e jardin pharmaceutique fait partie du jardin des monastères comme des plus ordinaires.
A partir du VIIIe siècle, les Arabes reprennent les théories grecques d'Hippocrate et de Galien, créateur de celle des humeurs, le traité de Dioscoride sur les propriétés médicinales des plantes, qui atteindront le monde chrétien en passant par l'Espagne.
Les monastères possèdent les ouvrages de référence et leurs remèdes font appel aux "simples" dans lequel entre une seule plante alors que les apothicaires fabriquent les leurs en associant diverses plantes et autres substances.
Strabon encouragera la culture des plantes sauvages dans les jardins pour en obtenir de plus belles: Bien que sur les montagnes et dans les forêts, dans les prés et au fond des vallées, bien que presque en tous lieux abondent , çà et là, de précieux amas de bétoine, cependant notre jardin en possède aussi et lui apprend à s'améliorer dans une terre cultivée.
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