la Renaissance, aux nouvelles conceptions scientifiques de la nature et à la découverte de nouveaux territoires se joint une nécessité de classer et d'expérimenter. L'étude doit se faire sur des échantillons vivants et non plus sur des figures livresques. Les botanistes et herboristes désirent plus que jamais, tout en se basant ou critiquant les données fournies par les Anciens, avoir une connaissance plus approfondie et enseigner selon une nouvelle approche. Aussi de nombreuses villes universitaires se dotent de jardins associés à des laboratoires d'études et d'expérimentation, quelquefois liés à une approche alchimique dont les médecins et apothicaires utilisent les concepts.
Le Moyen-Age possédaient des jardins destinés à la culture des simples, propriété des monastères et des hôpitaux; à la Renaissance, ces nouveaux jardins étendent leurs collections à toutes les plantes, autochtones comme exotiques ou rares et prendront différentes appellations selon les lieux. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que les termes "jardins botaniques" deviennent ceux qui les désignent.
'abord en Italie, à Pise en 1543 par Luca Ghini, Padoue par Luigi Anguillera en 1546, Mantoue
Jardin botanique de Mantoue., Florence
Ichnographia horti de Florence en 1557., Bologne
Orto botanico di Bologna en 1568. puis aux Pays-Bas en 1590, en Allemagne, Angleterre
Physic garden d'Oxford en 1621., à Montpellier en 1593 et Paris en 1626, ces jardins délaissent tous les artifices et édifices pour se concentrer sur des essences rares, nouvellement rapportées des pays lointains. De nouvelles variétés sont obtenues par hybridation et la beauté du jardin n'est pas délaissée aux profits des études.
Ainsi de nombreuses plantes du bassin méditerrannéen à bulbes devinrent très recherchées comme la tulipe, la fritillaire, l'iris, etc...
n général, le plan adopté est le même que le jardin médiéval: une enceinte ronde ou carrée coupée par deux allées en croix orientées selon les points cardinaux; quelquefois dans cette dernière forme, chaque carré obtenu est à nouveau traversé par deux allées perpendiculaires. Il comporte souvent un puits central qui remplace la fontaine du jardin médiéval.
Sa réalisation reflète la conception du monde où l'ésotérisme et l'astrologie font parties des sciences; la plantation des simples à l'intérieur des massifs devait répondre aux forces célestes et représentait des sortes d'horoscopes.
Aux motifs répondent au nombre et à la forme; l'organisation de plantes doit être harmonieuse et donner le plus grand enchantement et la plus grande satisfaction à celui qui les étudie; selon Alberti toute la force du dessin consiste à savoir ajuster à l'ordre le plus parfait les lignes et les angles.
Aux parterres de ces jardins sont assignés des lettres de l'alphabet et aux végétaux qui les occupent, des numéros que nous retrouvons dans les catalogues qui mentionnent leur correspondance et accompagnent ces jardins. Ils procuraient ainsi, un moyen mnémotechniqie pour les étudiants qui leur permettait également de les situer dans le jardin... tout comme la lettre et le numéro des cartes dans les restaurants asiatiques!
Dans une autre optique, Olivier de Serres proposera des "montagnettes" en s'inspirant du jardin des Plantes de Montpellier dont l'intérêt est de recréer artificiellement toutes les expositions possibles.
Associés au jardin, des musées privés venaient aider les étudiants, où étaient exposés tout ce que "le livre de la nature" pouvait produire: minéraux, coquillages, fossiles, animaux embaumés ou peints sur le vif, planches botaniques mais aussi des herbiers, hortus siccus, dont l'inventeur serait Luca Ghini.
a faculté de Montpellier dont le jardin faisait sa grande réputation incita d'autres villes à rivaliser avec lui. Des jardins botaniques furent créés à Giessen en 1605, Strasbourg en 1620, Altorf en 1625 et Iéna en 1629.
A Paris, un petit jardin existait, situé sur l'île de la Cité, à l'emplacement actuel de la place Dauphine, composé d'un petit enclos divisé en quatre compartiments que l'on nommait "Jardin Royal".
derrière les remparts, le jardin royal.
A cette époque, les dames de la Cour avaient la passion de broder des fleurs au tambour telles que pâquerettes, marguerites, églantines et boutons d'or; Jean Robin, "arboriste et simpliste", botaniste du roi, encouragé par un dénommé Pierre Vallet, brodeur de Louis XIII, fit appel aux plantes venues d'ailleurs pour renouveler ces motifs floraux. Il se fit donc un plaisir de vendre aux maris et amants, amaryllis, tulipes et tubéreusses, sans toutefois leur fournir bulbes, caïeux ou graines qu'il faisait venir de Hollande pour garder le privilège de les multiplier. En complément de cette activité, notre jardinier avait été chargé par la faculté de Médecine de Paris alors dirigée par Guy Patin, de créer un jardin botanique et accepté d'entretenir ses maigres carrés.
Malgré la nécessité d'établir "un jardin public où les médecins élèveraient diverses sortes de plantes" selon Pierre Belon, et hormis les initiatives de René du Bellay, créateur du premier arboretum de France et Gaston d'Orléans qui dans les jardins du château de Blois créera un jardin botanique, il n'y avait pas de projet royal pour une création d'un tel jardin qui pourrait échappé au contrôle de la faculté.
Jean de Renou, dans "Les Oeuvres pharmaceutiques", en parlant du Calamus aromaticus, nous dit: On nous apporte cette plante des Indes tant seulement & non d'ailleurs, mais parce qu'elle est rare on nous vend ordinairemant à sa place... une certaine autre plante que nos herboristes appellent le Calamus aromaticus des Apothicaires, & d'autres le souchet de Babylone, qui est à présent beau et verdoyant dans le jardin celebre, botanique & royal qui est en ceste ville de Paris, où il y a une infinité d'autres plantes rares & excellentes, que Monsieur Jean Robin, Professeur Botanique du Roy, entretient fort soigneusement.
Annexé à l' école de Médecine, ce jardin existait depuis 1506; chaque élève versait 18 sous par an pour l'entretien. On y enseignait la botanique élémentaire; Jean Robin en fut nommé curateur en 1597 et le réinstallera; à partir de 1598, la somme versée annuellement par chaque étudiant sera alors portée à 3 livres. Le fils de Jean Robin, Vespasien continuera l'oeuvre de son père.
C'est en 1576 que Nicolas Houël s'adresse au roi Henri III pour fonder une institution d'aide aux malades indigents et aux orphelins sur la concession de ce qui restait du palais des Tournelles, abandonné et en partie détruit depuis la mort d'Henri II.
Son désir était de faire profiter de ses biens de pauvres orphelins abandonnés, qui seraient élevés dans les belles lettres et l'art de l'apothicairerie. Il projetait donc un établissement qui contiendrait un hôpital pour les pauvres malades, une officine pour la confection des médicaments et un jardin pour la culture et l'étude des simples.
Le roi donna son accord au projet mais le Parlement ordonna que cette maison de Charité soit institué en la maison des Enfants rouges fondé par François Ier en 1536, non loin du Temple.
Les difficultés rencontrées obligèrent Houël à rechercher un autre lieu pour son institution. Il demanda et obtint en 1577, la permission du Parlement de se transporter faubourg St-Marcel à la place de l'hopital de Lourcine, alors abandonné.
En 1578 il crée sa Maison de la Charité Chrétienne et un " jardin des Simples rempli de beaux arbres fruitiers et plantes odoriférantes, rares et exquises, de diverses natures devait apporter un grand plaisir et une grande décoration pour la ville de Paris.".
En avril 1579, une crue subite de la Bièvre vint détruire une grande partie des travaux et il fut nécessaire de reconstruire les bâtiments et la chapelle.
En 1587, Houël tomba malade et mourut mi-ruiné. Charles Audens, maître apothicaire, lui succéda et ce sera après de nouvelles difficultés qu'un édit, en 1624, autorisera définitivement les maîtres apothicaires de Paris à planter toutes sortes de simples et herbes nécessaires pour la préparation des médicaments.
C'est dans ce jardin et dans la salle de réunion qui s'y trouvait, que se tinssent les premières manifestations scientifiques qui conduisirent à l'Académie de Pharmacie.
C'est aussi dans ce jardin que s'illustra une lignée de "maîtres jardiniers fleuristes botanistes", les Descemet dont le dernier sera considéré comme le premier obtenteur de roses en France.
Louis XIII visita ce jardin en 1633 et y laissa cette citation: On y voit un très beau et très grand jardin rempli de toutes sortes de plantes rares et curieuses, servant à ladite profession, dans lequel les étudiants et aspirants à la maîtrise en pharmacie se vont exercer et instruire.
En 1777, le lieu fut transformé en un Collège de Pharmacie qui se mua en une Ecole sous la Révolution et le Consulat, puis les locaux devenus trop exigus, l'obligea à émigrer en 1881, avenue de l'Observatoire.
Le 22 décembre 1882, un décret de Jules Ferry attribuait le lieu à l'Institut Agronomique.
Non loin du jardin des apothicaires, la butte Coypeau plantée de vignes et de bosquets entourant un moulin qui deviendra la montagne du jardin des Plantes, s'amoncelaient des "amas successifs de gravois et d'immondices de la ville", le tout traversé par la Bièvre.
Malgré l'opposition de la faculté de Médecine de Paris, Guy de la Brosse et Jean Héroard obtiennent en janvier 1626, un édit de Louis XIII qui décide du principe de la création d'un jardin royal de plantes médicinales dans les faubourgs de la capitale. Mais ce n'est qu'en 1633 qu'un terrain de plus de 6 ha est acheté au faubourg Saint-Victor et au clos Coypeau. Deux ans plus tard, la création du Jardin royal des plantes médicinales est proclamé par un édit officiel et l'ouverture au public a lieu en 1640 avec un enseignement en français.Une grille sépare le jardin des bâtiments. Il est composé de plusieurs parties indépendantes: un grand parterre divisé en quatre avec en son centre une fontaine et un bassin qui se poursuit par pré et un verger. Il est bordé d'allées plantées de charmes et de tilleuls. Guy de La Brosse nous parle d'une "véritable montagne" qui permet une vue sur Paris, celle-ci devant être celle plantée de vigne que Colbert fera arrachée plus tard et où sera établi le labyrinthe.
- voir également le labyrinthe de jardin et le jardin alchimique.
Le jardin du roi.
Après de nouveaux travaux de terrassement le jardin apparaitra comme ci-dessus à la fin du XVIIe siècle.
Par différents écrits, nous savons que Jacques Gohory possédait un jardin dans le quartier San Marcellan, où il avait installé son "Lycium Philosophal". Plusieurs articles ou ouvrages situent ce lieu à la place du labyrinthe du jardin des Plantes, reprenant la même erreur d'un certain Gobet.
Et le docteur Hamy précisera: on y voit que celui-ci avait "naguère acquis" un jardin où il acclimatait des espèces nouvelles mais que ce jardin était au faux-bourg Saint-Marceau-lès-Paris, et non dans le lieu où est actuellement le labyrinthe du Jardin du roi."
Parlant de ses cultures personnelles, J. Gohory écrit: ... en ont suscité plusieurs sortes nouvelles comme pannaches à feuilles de diverses couleurs, fort plaisants à la vue, & des choux à fleur d'un goût excellent desquels j'ai peuplé comme du présent Petum mâle & femelle & plusieurs autres Simples; le jardin que j'ai naguère acquis au faux-bourg Saint Marceau lez Paris où j'ai elu le lieu de ma solitude, à l'exemple de Démocrite, lequel après ses perégrinations en Egypte & autres régions pour apprendre les secrets mystiques de nature, choisit le séjour de sa contemplation en un jardin près de la ville d'Abdère...
. Et il poursuit: J'ay pris grande peine & soing, monseigneur, à conserver ces nobles plantes avec les chouz à fleur, par les neiges & gelées de cet hyver au jardin que vous honnorez souvent de votrte présence, avec le melanthium alexandrin & le romain portant leurs graines en une cosse ronde avec quelques pointes, comme en la teste d'une massue.[...] Or j'espère sur le printems qu'il n'y soit semé ou planté pour donner ce contentement aux gens d'esperit qui souvent se délectent au labirinthe d'arbres garniz de son donjon au mylieu, & de quatre tourelles d'ormes courbéz aux 4 coingz. Les autres, en la fontaine artificielle saillante par conduitz de plomb. Les autres, es fruits des entes qui y sont de toutes sortes en grand nombre plantées à la ligne de deux costez sur les allées & sentiers. Aucun à l'orée des deux pavillons, l'un couvert de pruniers l'autre de cerisiers. Autres à l'exercice de la boule ou quilles soubz un long & large berçeau de treillage. Et quand quelque assigntion les presse de partir, regardent l'heure au quadran horizontal de compartiment. Autres s'adonnent à faire musique de voix & instrumens en la galerie historiée; tellement que ceux qui nous visitent prenans la comparaison du plus prochain, nous afferment & leur semble qu'il seconde au petit pié le beau jardin lucullian du magnifique abbé de saincte Geneviève Foullon, seigneur de cette terre. Mais moy le diray ressembler à celuy que Pline pourchassoit à Suétone.
Le Lycium philosophal disparut, sans laisser d'autres souvenirs que le petit livre où son fondateur en a trop rapidement esquissé les traits les plus essentiels.
Mais par une curieuse coïncidence, au moment où le Solitaire achevait son incohérente carrière, Nicolas Houël "marchand apothicaire, épicier et bourgeois de Paris" présentait une requête au Conseil privé pour la fondation de la Maison et hospital de la Charité chrétienne dont deux de ses membres principaux devaient être, comme dans la fondation de Gohory, une apotiquairerie et un jardin des simples.
J. Gohory dans le même ouvrage ci-dessus nommé, écrit à propos du petum mâle: Sa tige monte bien jusques à sept pieds et plus en hauteur, telle que j'en ay vu une du jardin de Monsieur Chapelain, lui vivant premier médecin du Roy, naguere decede
Dans ce même ouvrage, nous apprenons aussi qu'un M. de la Brosse fournit à J. Gohory, pour les soins qu'il prodigue en qualité de médecin, des feuilles de tabac provenant de son jardin: Quant à la cure des playes, j'en ay fait souvent l'expérience de la feuille seulle pilée, dont m'a fourny abondamment le Sieur de la Brosse, mathématicien du Roy, très docte, de son beau jardin garny d'une infinité de Simples rares, & de fleurs exquises.
Jacques Dubois dont on connait l'existence d'un jardin par Cl. P. Goujet: Sylvius acquit deux maisons à Paris, l'une au faux-bourg S. Marceau où il avoit un jardin dans lequel il cultivoit un grand nombre de plantes médicinales; l'autre située dans la rue S. Jacques. C'étoit dans celle-ci qu'il demeuroit...
Dans le courant de mai 1908, la "Société des amis du Louvre" offrait au musée national un tableau de François Clouet que le docteur Paul Dorveaux reconnut pour être le portrait de l'apothicaire parisien Pierre Quthe dont le jardin médicinal était réputé dans le monde entier.
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Ce jardin se situait rue Sainte-Avoye qui
Il était ... un apothicaire fortuné, qui se plaisait à cultiver les plantes médicinales nouvellement importées d’Amériqueétait au XVIe siècle un quartier aristocratique, rempli de superbes hôtels habités par les plus hauts personnages du royaume dont François Clouet dit Janet, peintre et valet de chambre du roi.
Il y cultivait notamment de la racine de méchoacan.
Pierre Quthe est également mentionné, avec Nicole Rasse, dans "L'agriculture et Maison rustique" de Jean Liébault; ce sçavant et soingneux apoticaire a enrichi notre France, d'une infinité de simples rares, exquis et douez de singulières vertuz.
Nous avons vu, ci dessus que Nicole Rasse était mentionné dans l'ouvrage de J. Liébault en qui, il voit un docte et bien expérimenté chirurgien.
. Lui aussi cultivait du méchoacan.
J. Gohory le cite comme cultivant également du tabac. Parlant de cette plante et de son usage en chirurgie il écrit: Ce qui à meu le puis-né Race chirurgien, d'en planter une grande quantité en un jardin vers le Temple: & de lui je cognois l'aisné, personnage tres expert en son art.
Nicolas et Claude Gonyer sont deux apothicaires installés rue Sainte-Avoye ce qui permet de penser qu'ils ont peut-être succédé à Pierre Quthe. Jean de Renou en premier lieu ne cite pas le prénom et écrit en parlant du "Capillus veneris": Or il n'y a endroit en tout le monde auquel on trouve plus grande quantité de ce vray Capillus veneris qu'en la contrée de Narbonne car pour la plupart des autres païsages de France, ils sont quasi stériles au regard de cette plante, & sur tout ceux qui sont naturellement froids & Septentrionaux, comme: Paris, où le froid l'a tua l'année passée 1608 dans le jardin de Monsieur Gonier excellent Pharmacien & homme de mérite.
Puis Jean de Renou parle ainsi de Claude: Claude Gonier, personnage digne de recommandations tant en moeurs et intégrité de vie qu'en sa profession et notamment en la cognoissance des plantes.
, puis en parlant du persil de Macédoine: Nous ne laissons pas de l'avoir veu beau et verdoyant en ceste ville de Paris, dans le jardin de Monsieur Jean Gonier, très docte pharmacien, où il est entretenu aussi soigneusement qu'une infinité d'autres rares plantes qui y sont.
et des ribes: ... s'en trouve encore un troisièsme qui porte son fruict blanc et agréable au goust, lequel j'ay souvent veu en ceste ville de Paris, dans le jardin du Sieur Jean Gonier.
et à propos de la gomme adragante: Jaçoit que cet arbrisseau soit totalement estranger, & bien rarement veu par nos Herboristes, si est-ce neantmoins que nous l'avons veu bien souvent dans le jardin de Monsieur Jean Gonier, tres bon Pharmacien, & fort curieux de rares plantes, où il estoit non seulement apprivoisé, mais mesme bien verdoyant.
et enfin en parlant du mastic: Au reste jaçoit que nous voyons que le lentisque ramifie fort rarement en ceste ville de Paris, si est-ce neantmoins que j'en ay veu deux verdoyans dans le jardin de Monsieur Jean Gonier, grand simpliste, qui a beaucoup de peine tous les ans pour les garantir de la rigueur de l'Hyver.
our renouer avec la renommée qu'avait la faculté de Médecine aux siècles précédents qui voyait le déclin du nombre d'étudiants venant la fréquenter, fut créé en 1593 par Richer de Belleval, par lettre patente du roi Henri IV, un Hortus regius monspeliensis qui ouvrira ses portes en 1596.
Avant le siège de Montpellier en 1622 où le jardin est saccagé, celui-ci est d'un aménagement très simple: d'un coté les bâtiments dont une chapelle dédiée à Saint-Louis et une maison à un étage, logement du fondateur du jardin et siège de l'Intendance, et un ambulacrum s'ouvant sur les différentes parcelles du jardin. Lui-même est divisé en deux parties séparées par un mur: d'un côté, le seminarium planté d'espèces ligneuses, de l'autre le jardin médicinal composé de deux groupes de trois banquettes parallèles où les sujets sont plantées par ordre alphabétique, de l'autre, ceux dont ne connait ni l'utilité, ni l'usage, plantées selon une montagne est-ouest formée de cinq niveaux dont la hauteur totale est d'environ 2 mètres. Dans ce jardin, nulle volonté de composition selon l'utilisation des plantes ou ordre symbolique y est décelable!
Voici ce qu'en disait, en juin 1598, Thomas Platter:
On a établi ce jardin entre les portes du Pyla-Saint-Gély et du Peyrou, à environ une portée d'arquebuse des remparts. Richer a fait creuser sur place un puits profond ou une espèce de citerne, et l'on a également bâti selon ses indications de nombreuses grottes voûtées où l'on peut s'éjourner d'une façon très plaisante pendant l'été. Il y a fait apporter de la terre humide et moussue pour qu'on soit en mesure de cultiver des plantes aquatiques sous ces voûtes selon leurs exigences spécifiques respectives. En dehors de ça, il a divisé le jardin en compartiments pour chaque espèce de plante, et cela de la meilleure manière. Il a fait ériger une montagne à l'intérieur de ce parc botanique, et il l'a découpée en multiples terrasses. Dans cet espace global, chaque emplacement a son entrée particulière ainsi que ses portes ou portiques sur lesquels figurent en lettre d'or, diverses inscriptions dont je vais donner maintenant le texte. Et d'abord, sur la porte principale sont apposés les mots Hortus regius, en même temps que les armoiries du roi et du connétable de Montmorency. Vient ensuite la deuxième porte: Plantæ quæ in dumis, spinetis et dunetis adolescunt Et puis la troisième porte; Plantæ quæ in locis apricis, saxosis, arenosis crescunt. Quatrièmement Plantæ quæ in locis umbrosis, sylvis proveniunt. Enfin les végétaux aquatiques, comme je l'ai déjà indiqué, sont plantés près du grand puits-citerne. Si le roi ne donnait point à cette entreprise une grosse subvention et ne remboursait pas les frais, tout irait en perdition. |
D'après Guy de La Brosse, il n’est peuplé que des produits du Languedoc, des Alpes & Pyrenées
tandis que Johann Stephan Strobelberger le qualifie de "vraiment royal", "une merveille d'une extraordinaire beauté".
Histoire du jardin royal de Montpellier: télécharger
ppelé aussi "Hort de Diou", il se situait dans les Cévennes et les botanistes de la Renaissance le nommaient "verger divin" ou "Paradis divin". Cette appellation était justifiée par la présence de belles pelouses riches en plantes alpines qui s'étendaient près du sommet sur le versant méridional de l'Aigoual; d'autres nommaient ainsi toute la montagne.
Charles de L'Ecluse, Pierre Pena, Mathias de Lobel, Jean-Henri Scherler et Paul Reneaulme, ces deux derniers en la compagnie de Thomas Platter et d'un guide, s'y rendirent aux fins de cueillette et d'identification des plantes qui y prospéraient.
On y trouvait alors des Aconit Napel que nombre d'entre-eux et les apothicaires ramenaient pour les planter dans les jardins et disparues depuis.
Non loin de là était, depuis le XIe siècle, le monastère de N-D de Bon-Présage, tenu par des Canonici Lignipedes, donnait asile aux pélerins et voyageurs exposés à se perdre dans les neiges en traversant la montagne pendant hiver. C'est là que Lobel et Reneaulme trouvait gîte et hospitalité lorsqu'ils venaient herboriser dans les Cévennes. Ce monastère fut transformé en ferme dénommée "ferme du Bonheur".
A la manière du "vieillard de Tarente" - lire - de Virgile, le père Rapin dans "les jardins" chante la sagesse du jardinier, ici, dans un jardin des simples:
Que de secours les Fleurs nous prêtent contre les maladies. Je dirais qu'elle est la vertu des plantes; je chanterais le pouvoir que les faibles mortels reçurent des Dieux de guérir leurs semblables; mais l'abondance de mon sujet m'oblige de me renfermer dans les bornes étroites, & d'avancer à grands pas vers le terme de ma carrière.
Dans un Fauxbourg de Paris, situé du côté que la Seine arrose de ses eaux, un Citoyen célibataire cultivait un Jardin, & goûtait, sans inquiétude, les charmes d'une vie privée. Son modeste heritage ne se voyait point du sommet des Montagnes; sa maison n'était point décorée de riches tapisseries. Maître d'un petit fonds, il croyait sa fortune égale à celle des Rois, & se réservait de modiques ressources pour mettre sa vieillesse à l'abri de l'indigence. Souvent des climats les plus éloignés, & du sommet des Montagnes étrangères, il faisait venir les Fleurs & les plantes dont il connaissait les vertus contre les maladies, & les transportait dans son Jardin. Il écrivait soigneusement les propriétés qu'on lui avait fait découvrir dans ces herbes fortunées, & les enseignait à ses amis.
BIENTOT des villages voisins on vit accourir une foule immense de mortels languissans, qui venaient chercher auprès de lui du remède à leurs maux. On y voyait ceux dont une fièvre brûlante dévorait les entrailles épuisées; ceux dont les membres étaient couverts d'ulcères; ceux enfin qui, fatigués par une respiration difficile, sentaient un frisson mortel passer jusqu'à leur cœur; & ce que l'art impuissant des Médecins avait inutilement tenté, ses Fleurs & ses simples mettaient en fuite leurs maladies; la vigueur renaissait dans leur corps, & ils retournaient joyeux dans leurs foyers.
MAIS d'autres Poëtes chanteront ces merveilles.
omme l'alchimie, elle prend naissance dans l'antiquité, notamment dans l'antiquité grecque où chaque plante médicinale était associée à une planète et dédiée à un dieu ou une déesse.
Les jardins à visiter:
- Le jardin de Plantes à Paris: voir
- Le jardin des Plantes à Montpellier; voir