ans son roman Clélie, l'auteure s'inspire des jardins du château de Vaux-le-Vicomte où sous des pseudonymes nous retrouvons les principaux créateurs de ces jardins: Quand on est au bout de cette allée, on trouve un grand carré d'eau, et l'on découvre à la droite un petit endroit solitaire, et au-dessus un petit bois assez sauvage. Devant soi, on voit un grand et bel objet que je vous décrirai bientôt, et à droite de ce tertre que je dois décrire, des vignes et plusieurs objets champêtres. Au delà du grand carré d'eau, on descend encore, et l'on voit alors un objet tout à fait surprenant. En effet l'imagination ne peut rien concevoir de si grand, de si agréable et de si magnifique; la Nature, toute puissante qu'elle est, ne peut produire rien de si beau, et l'Art qui se vante de l'imiter souvent, de la surpasser quelquefois, et de l'embellir toujours, ne saurait rien faire de si merveilleux. Ainsi, on peut dire que ce qu'on voit en ce lieu-là est le chef-d'oeuvre de l'Art et de la Nature joints ensemble. Quand on est donc arrivé à l'endroit que je dis, et que l'on est placé sur le haut d'un perron, par où l'on peut encore descendre plus bas, on voit une belle allée d'eau, qui occupe presque toute la largeur du jardin, d'où partent cent jets d'eau d'une égale force, qui, retombant dans le canal d'où ils partent, font un agréable murmure. Tout contre cette allée d'eau en terrasse, on en voit une plus petite; qu'on peut appeler une allée de cristal. En effet on y voit un nombre infini de jets d'eau à double rang, qui, s'enchâssant les uns dans les autres, s'il faut ainsi dire, mouillent continuellemnt le bas de cette petite allée, qui est d'une pierre fort unie et fort luisante, de sorte que l'eau qui la mouille et qui s'épanche à mesure qu'elle tombe la fait paraître comme du cristal. Mais, quoique cet objet soit admirable, ce n'est pas encore ce qu'il y a de plus beau en cet endroit, car au-dessous de cette belle allée de cristal, on voit contre la terrasse, dont l'élévation est fort grande, quatre longs rangs de coquilles pleines d'eau, de grandeur inégale, qui s'épanchant l'une dans l'autre, font voir cent torrents à la fois, qui retombent en écume dans une grande allée d'eau, d'où partent cinquante autres jets avec impétiosité. Mais de grâce, redoublez votre attention, et ne doutez pas de mes paroles. Après ce que je viens de dire on voit un grand et beau canal formé par une rivière qui à peine était connue avant que Cléonime eût choisi ce beau désert pour délasser son esprit de ses glorieux emplois. Mais ce qu'il y a de plus beau, c'est qu'elle s'y précipite comme un affreux torrent et qu'après avoir traversé tranquillemnt toute la largeur du jardin de Valterre, elle en sort par une cascade, et se perd après dans les prairies. Si bien qu'en un petit espace, elle est rivière, torrent, canal, cascade et ruisseau. Et pour rendre encore cet endroit plus merveilleux, on voit au-delà un abîme d'eau, s'il faut ainsi dire, au milieu duquel, par les conseils de Méléandre, on a mis une figure de Galatée, avec un cyclope qui joue de la cornemuse et divers tritons tout à l'entour; toutes ces figures jettent de l'eau, et font un très bel objet. Il y a encore d'autres artifices d'eau en cet endroit, et plusieurs fontaines jaillissantes. Mais ce qu'il y a de plus agréable, c'est que toute cette grande étendue d'eau est couvertes de petites barques peintes et dorées, et que de là on entre dans le canal. De sorte qu'en se promenant en cet endroit, on voit un nombre infini de jets d'eau dont on est environné, et une autre allée d'eau au-devant de ces grands rochers d'eau. Car il faut que vous sachiez qu'à l'opposite de la belle cascade dont je viens de vous parler, on a coupé un grand tertre en droite ligne, dont on a fait une terrasse à balustrade, soutenue par six termes d'architecture d'une grandeur extraordinaire. Entre ces termes sont des rochers artificiels, qui sont toujours couverts d'eau, et au pied de ces rochers est une espèce de petit canal où cette eau retombe agréablement. [...] Mais afin de jouir mieux d'une si belle chose et de pouvoir admirer tant de beaux objets à la fois, on monte le tertre par deux magnifiques perrons en amphithéâtre, qui ont encore six belles fontaines en forme différentes. Environ vers le milieu au bas de la balustrade, on voit deux grands lions, qui par l'industrie du Méléandre montrent encore d'une façon toute particulière les armes de Cléonime car l'Ecureuil y paraît entre les pattes des lions, mais de telle sorte qu'on voit assez ces cruels animaux n'ont que la douceur et de l'amitié pour lui.
a Fontaine, dans Le songe de Vaux évoque son château et ses jardins qu'il fréquenta avant que Nicolas Fouquet ne fut disgrâcié.
Acante s'endort "dans les bras de Morphée":
Il me fit voir en Songe un Palais magnifique, Puis Palatiane prend la parole: |
Ce que je dis pour vous, je le dis pour les autres; |
Dans Psyché, La Fontaine fait l'éloge des nouveaux jardins et de leurs créateurs qu'ils soient de Vaux ou de Versailles:
Heureux, ceux qui de l'art à ces traits inventés, |
Comme en jardins des dieux, il change sous les rois. |