eux difficultés attendent les amateurs des jardins grecs de l'antiquité: la première, dûe à l'absence de recherches lors des fouilles archéologiques des sites où il aurait pu en avoir, la seconde, qu'aucun texte ne les décrit. En effet les auteurs grecs s'attachent à créer une ambiance par laquelle le lecteur comprend le lieu où l'action se passe. Chacun est une manifestation d'une multitude de forces vitales et d'expressions divines protégé par le genius loci.
"Le territoire dans sa totalité porte une empreinte sacrée qui devient une source d'inspiration pour le poète et le philosophe. Tout ce qui est naturel est d'ordre divin." écrit Bruno Marmiroli.
e rare témoignage provient de la civilisation minoenne où le jardin est une représentation en réduction de la nature qui met l'homme en relation avec le supra-naturel.
Il faut attendre la période classique pour que les jardins soient évoqués mais l'attrait des Grecs restera aux lieux sauvages ou champêtres telles les prairies arrosées et fleuries, et aux espaces primitifs, originels, oeuvres des dieux et encore hantés de leur présence.
C'est aussi à cette époque que l'on voit apparaître les premiers jardins publics et privés.
Les villes étaient souvent construites en damier avec maison et cour intérieure dans laquelle pouvaient y avoir quelques pots où étaient cultivées des herbes ou des fleurs.
A l'extérieur des villes, la terre était attribuée au cultivateur par tirage au sort qui la partageait en trois parts: l'une pour les céréales avec pratique de la jachère, la seconde en vignoble et la troisième en plantation de figuiers, oliviers, noyers, mûriers, pommiers, poiriers, châtaigniers. L'accès à la citoyenneté était conditionnée par la possession et la mise en valeur d'une portion du territoire national.
Il semblerait que ces terres donnaient la principale nourriture aux Grecs car les légumes étaient peu nombreux: il n'y aurait eu que salades, fèves, choux, radis noirs, courges et potirons, oignons.
Peut-être a t-on une description d'un jardin par Homère qui décrit celui d'Alkinoos, bien qu'il s'agit d'un jardin mythique et perçu comme un jardin merveilleux- voir
Quant aux paradis des princes perses, Xénophon qui combattit en Perse, contribua à répandre leur renommée. Il donne ce conseil à Critobule, par la voix de Socrate: "...dans quelque pays qu’il aille, il veille à ce qu’il y ait de ces jardins, appelés paradis, qui sont remplis des plus belles et des meilleures productions que puisse donner la terre ; et il y reste aussi longtemps que dure la saison d’été."
Les fleurs les plus représentées sont les roses, les violettes, le safran et le lis auxquelles on peut ajouter la giroflée, le narcisse.
Mais la Grèce antique périclita avec son agriculture, peut-être à cause de la dureté et de l'appauvrissement des sols, qui se traduisit par un exode massif des populations vers la mer Noire et les cotes méditerranéennes et c'est ainsi que les Grecs apprendront aux Gaulois, selon Justinus, la culture de la vigne et de l'olivier.
Un siècle après Strabon, Plutarque décrira la désolation du sol grec.
Ce dernier nous apprend aussi que des jardins nommés paradis étaient la propriété de Tissapherne: "tout sauvage qu’il fût d’ailleurs, et l’un des Perses les plus acharnés contre les Grecs, se laissa si bien prendre aux flatteries d’Alcibiade, qu’il se livra entièrement à lui, et qu’il lui rendit même ses flatteries avec usure ; car le plus beau de ses jardins , le plus délicieux par l’abondance des eaux, par la fraîcheur des prairies, par le charme des retraites solitaires qu’on y avait ménagées, et par les embellissements de tout genre qu’on y avait prodigués avec une magnificence royale, il le nomma Alcibiade, nom que tout le monde lui a donné depuis."
ous possédons quelques éléments qui nous apprennent que les abords des temples pouvaient être jardinés. Ainsi autour de celui d'Héphaïstos et d'Athéna Ergané, également connu sous le nom d'Héphaïstéion étaient plantés des grenadiers, des myrtes et des lauriers et l'on y créa un petit jardin.
Dans "Œdipe à Colone", Sophocle décrit le bois sacré : "Le lieu où nous sommes est sacré, comme l'annoncent ces ombrages épais de lauriers, de vignes et d'oliviers ; et dans le bois de nombreux rossignols font entendre leurs chants mélodieux." Platon y établira son école.
André Motte dans "Prairies et jardins dans la Grèce antique"
D'après Diogène Laërce, ainsi appelé du nom du héros Académos, comme l’atteste Eupolis.
Selon Plutarque, c'est Cimon qui aurait fait planter des platanes sur l'Agora d'Athènes et aurait aménagé en parc public le quartier de l'Académie situé en dehors des murs d'Athènes, au nord-ouest de la ville. Platon y installa son jardin philosophique.
Ce parc établi sur le bourg de Colone, était arrosé par le Céphise qui en faisait un lieu enchanteur comme le décrit Sophocle: lire.
Ici, sos la rosée du ciel, avec constance, chaque jour, fleurissent, en grappes superbes,
le narcisse, couronne antique au front des deux Grandes Déesses, et le safran aux reflets
d'or; pour ne rien dire du flot qui ne s'endort, ni ne baisse jamais, du flot vagabond du
Céphise, qui, fidèlement, chaque jour, se hâte de venir avec son onde pure,
fertiliser les plaines de cette terre aux vastes flancs, à laquelle les chœurs
des Muses ne montrent pas non plus de haine, ni Aphrodite aux rêves d'or.
Aristophane sera aussi élogieux! "Brillant et frais comme ue fleur, tu passeras ton temps dans les gymnases, au lieu de débiter sur l'Agora des bavardages épineux... Tu descendras à l'Académie où, sous les oliviers sacrés, tu prendras ta course, couronné de léger roseau, avec un ami de ton âge, fleurant le smilax, l'insouciance et le peuplier blanc qui perd ses chatons, jouissant de la saison printanière, quand le platane chuchote avec l'orme."
Selon les dires de Sophocle: "... c'est le séjour du vénérable Poséidon et du dieu qui ravit le feu céleste, du Titan Prométhée. ...Les campagnes voisines se glorifient d'être sous la protection de Colonus l'équestre qui a donné son nom à tous les habitants.
[...] C'était aussi le séjour des redoutables déesses, filles de la Terre et de l'Érèbe"
Cinq cents ans après la mort de Platon Pausanias nous le décrira ainsi:
Hors de la ville, dans les bourgs et sur les chemins, vous voyez des temples de Dieux, et des tombeaux érigés à des héros et à d'autres personnes. L'Académie qui est tout auprès de la ville était jadis le domaine d'un simple particulier, c'est maintenant un gymnase. En y descendant, vous trouvez une enceinte consacrée, à Artémis, et des statues en bois représentant Aristé et Callisté (très bonne, et très belle), surnoms qui sont à ce que je crois, ceux d'Artémis,... Il y a dans le même endroit un petit temple où l'on porte, tous les ans à certains jours, la statue de Dionysos Éleuthère. Voilà tous les temples qui se trouvent de ce côte.
[...]
Il y a devant l'entrée de l'Académie un autel dédié à Éros, avec une inscription portant que Charmus est le premier Athénien qui ait érigé une statue à ce dieu. L'autel dédié à Antéros, qu'on voit dans la ville, a été, dit-on, érigé par les étrangers domiciliés dans Athènes...
On voit dans l'Académie un autel de Prométhée, qui est le point de départ d'une course qu'on fait en tenant des flambeaux allumés ...Il y a dans le même endroit divers autels consacrés aux Muses, à Hermès, à Athéna et à Heraclès; .... On y voit aussi un olivier qui est, dit-on, le second qui ait paru.
Non loin de l'Académie est le tombeau de Platon.
Dans le même lieu s'élève la tour de Timon, le seul homme qui ait cru qu'on ne pouvait vivre heureux qu'en fuyant tous ses semblables. L'endroit nommé Colonus Hippius, est, dit-on, le premier lieu de l'Attique où Œdipe ait mis le pied, tradition qui ne s'accorde point avec ce que dit Homère. Vous y remarquerez l'autel de Poséidon Hippius, celui d'Athéna Hippia, le monument héroïque de Pirithoüs et de Thésée, celui d'Œdipe et celui d' Adraste. Le bois sacré de Poséidon et son temple, furent brûlés par Antigone, dans une irruption qu'il fit dans l'Attique, que son armée avait déjà ravagée d'autres fois.
On ne sais pas si tous ces temples et autels étaient en place lorsque Platon exercait.
A son retour de Sicile, Platon commença à enseigner dans les allées ombragées du dieu Hécadémos puis il acquit un petit jardin près de l’Académie qu'il consacra aux Muses.
l faut comprendre que ce mot ne désigne pas un jardin au sens strict du terme, mais est le qualificatif du lieu, comme l'Académie de Platon, le Lycée d'Aristote ou le Portique de Zénon, où enseignait le philosophe.
Il fut crée en 306 avant Jésus-Christ, au nord-ouest d'Athènes, hors des murs de la ville. Il avait été acquis au prix de 80 mines qui furent sûrement payées par des bienfaiteurs et les adeptes d'Epicure.
Gilles Deleuze dont le concept est repris par Michel Onfray, fait du jardin, un objet conceptuel. Il renvoit à l'Eden et au jardin des Hespérides, lieux où le bonheur est possible. Ce dernier propose que ce jardin où l'amitié est le principe primordial de cette philosophie fonctionne à l'opposé de la République de Platon.
Disciple de Platon puis d'Aristote, Théophraste acquit un jardin dans lequel il enseigna la philosophie où la nature tenait une place importante.
Dans son testament, il demande: lire