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"La personne déplacée est la catégorie la plus représentative du XXe siècle."
Hannah Arendt
"C'est vers un petit enclos que se porte la richesse de la nature."
Laerte - Epicure

Homme et société

L'homme et sa condition

gravurePierre Dac disait que De tous les arts, celui qui nourrit le mieux son homme, est l'art culinaire. auquel je répondrais; "De tous les aliments, le jardin est celui le plus complet." En effet, le jardin nourrit celui qui le créé, le cultive et l'analyse en lui donnant tout ce qui est nécessaire pour son corps et son esprit. Et en celà, le jardin est une nourriture complète inépuisable.

tableauL'observation et la contemplation de la nature est une sorte d'aliment naturel pour les âmes et les esprits. Nous nous redressons, nous nous dilatons, nous regardons d'en haut les choses humaines et, contemplant les choses supérieures et célestes, nous méprisons nos choses humaines, comme mesquines et étroites. La recherche des choses qui sont les plus grandes et en même temps les plus obscures nous apporte du plaisir; si dans cette recherche, quelque chose de vraisemblable se présente à nous, notre esprit est rempli d'un noble plaisir humain.
Cicéron cité par Pierre Hadot.

R. W. Emerson fera la même constatation: Son commerce avec le ciel et la terre devient une part de sa nourriture quotidienne.
Qu'ils soient jaunes, blancs, noirs ou rouges, les hommes ont un patrimoine commun originel et c'est par diverses voies que les sociétés ancestrales sont parvenues à le découvrir; chez nous, le jardin pourra nous y aider en nous faisant entrer dans le paradoxe, origine de toutes choses.
Puis, le jardin, qu'il soit chinois, japonais, persan ou européen, nous conduit vers la philosophie et une sagessse universelle, signe que malgré toutes ses formes, son essence est la même.
Et un sage antique déplorera que les tables de son époque étaient plus fréquentées que les écoles de philosophie...

Je n'ay rien fait d'aujourd'hui.
Quoy? Avez-vous vescu?
C'est seulement la fondamentale mais la plus illustre de vos occupations.
Montaigne. cité dans "Quest-ce que la philosophie antique?" de Pierre Hadot

Son aliénation

Le triomphe de la cupidité

Est-ce un signe de bonne santé mentale que d'être considéré comme adapté à une société malade?

tableauphoto
La nef des fous de Jérôme Bosch.

Moins on est, moins on exprime sa vie, plus on a, plus on aliène sa vie.
Karl Marx
cité dans
Avoir ou Etre d'Erich Fromm
A Ts'i vivait un homme d'une telle avidité pour l'or qu'à l'aube il mit ses vêtements, se coiffa et partit pour le marché. Il s'approcha de la table d'un changeur, s'empara de l'or, et s'enfuit.
L'agent de l'autorité qui l'arrêta le questionna: "Comment as-tu pu saisir de l'or devant tous ces gens?" L'autre répondit: "Lorsque je me suis emparé de l'or, je n'ai plus vu les gens. Je ne voyais que l'or."
Lie-Tseu
Le Tao du Ciel enlève à ce qui a trop et ajoute à ce qui manque; il n'en est pas de même du Tao de l'homme ordinaire: celui-ci enlève à ce qui manque pour l'offrir à ce qui a déjà trop. Qui est capable d'offrir au monde ce qu'il a en trop? Seul le peut qui possède le Tao.
Lie-Tseu

photoEpicure ne dira pas autre chose: Celui qui ne se trouve pas amplement riche, fut-il le maître du monde, est toujours malheureux. et Sénèque ajoutera: Evitez tout ce qui séduit le vulgaire, tout ce que le hasard dispense. Tenez tous ses dons pour suspects et tremblez d'y toucher. L'habitant des bois ou de l'onde se laisse prendre à l'appât qui l'allèche. Les présents de la fortune, comme vous les appelez, sont des pièges. Qui veut vivre à l'abri de ses coups devra fuir au plus loin la glu perfide de ses faveurs. Car ici, trop malheureuses dupes, nous croyons prendre, et nous sommes pris. Cette course rapide nous mène aux abîmes, cette éminente position a pour terme la chute; et s'arrêter n'est plus possible dès qu'une fois l'on cède au vertige de la prospérité. et citera un vers de Publius comme le plus heureux de tous: On peut ravir le bien que l'on a pu donner.

Son aliénation provient principalement du choix de l'Avoir pour la conquête du bonheur et non celle d'Etre. L'individu reste un objet-sujet en lieu et place d'une personne-maître d'elle-même.

On reçoit des comptes, on fatigue le pavé du forum, on feuillette son livre d'échéances, de maître on se fait intendant.
Sénèque
... et d'intendant, on devient valet.

Daniel Cohen nous renseigne qu'en plus de 70 ans, la proportion d'individus se disant heureux n'a absolument pas bougé bien que les conditions matérielles aient fait un grand bond! On doit remarquer que les addictions et les cancers ont explosé et que le coût des soins médicaux devient si excessif que les revenus des hôpitaux ne suffisent plus à soigner les maladies engendrées par la société.
Ce ne sont pas des professeurs de commerce et des économistes qu'il nous faut mais des fraternités de philosophes et de sages qui nous apprennent concrétement la vie et nous guident vers le bonheur de vivre.

L’espargne fait que nos biens nous suffisent.
L’homme de bien est pauvre sans vergongne.

Une société pathogène

Toute société est pathogène et pour l'homme, animal sociable, se couper de la société dans laquelle il évolue, l'amène à la folie ou à vivre avec les loups. La notre, où l'obsession et la frénésie côtoient l'aveuglement et la schizophrénie est de toute l'histoire, la plus avancée en technologies mais sûrement la plus fragile et la plus vulnérable quant aux maladies de société.
Comment échapper à cette fatalité tout en respectant cette exigeance?photo C'est de ces oppositions que nait le paradoxe: affronter la mort et la solitude l'amène à la vie et à sa résolution: vivre au jardin pour lui donner un cadre de vie conforme à sa plus haute identité et le faire entrer dans l'humanité.
En nous coupant du strict monde concret, en nous plongeant de plus en plus dans des mondes virtuels de la mécanisation, de l'image et de l'informatique, la notre est particulièrement exposée à maints désordres, soutenue par une médicalisation de plus en plus présente, lourde et onéreuse qui ne règle le problème qu'en surface, à cours terme et aux réactions secondaires imprévisibles.
Alors si vous optez pour une autonomie totale, l'indépendance, voire la sagesse et le bonheur, que vous n'êtes pas assez handicapé pour être rééduqué, assez fou pour être interné, assez malade pour être hospitalisé ou assez agé pour être pris en charge, cette page peut vous intéresser.
La liberté que donne l'autonomie quant à nos premières nécessités, toit et nourriture, est un premier pas à faire pour cette quête. En nous transformant en consommateurs dépendant uniquement de nos ressources financières, la société actuelle nous a réduits au même état de dépendance de l'ancien paysan condamné à la famine lors des guerres ou des mauvaises conditions climatiques, aujourd'hui remplacées par des conditions de guerre et de crise économiques. Sans revenu, réduit au chomage, le citoyen serait réduit à la famine si des associations et l'état ne lui venaient en aide. Cette aide entame sa fierté et le maintient en état de soumission alors que l'on peut voir certains chômeurs qui se sont tournés vers le jardinage dans des structures collectives retrouver leurs forces et le plaisir de vivre par cette activité valorisante et utile qui leur évitait de se tourner vers ces secours nécessaires mais non valorisants pour l'individu.

Aujourd'hui, le jardinage est utilisé par différentes institutions, qu'elles soient maison de retraite, institut psychiatrique ou accueillant des handicapés, pour soigner ou améliorer les conditions de vie de leurs pensionnaires, celà dans le principal but: reprendre contact avec la terre, la nature que son action bienfaisante peut engendrer sur les patients. Or cette action pourrait être encore plus importante si différents autres éléments pouvaient être pris en considération, entrainant d'autres exercices que ceux limités au jardinage.
Et ceci bien avant que l'on en devienne occupant des différentes institutions, afin même peut-être de les éviter, car la société moderne forme des handicapés dépendants et les entraîne dans des mondes virtuels ... prémices du monde d'Alzheimer!

Initiations

Toute initiation est une épreuve de la solitude.

Gaston Bachelard

Le labyrinthe faisait-il partie des initiations? Nul ne pourrait l'affirmer tant les individus qui y prirent part restèrent muets à ce sujet. Cependant on peut légitimement penser que c'était la principale figure de celles-ci tant elle évoque les mystères de l'existence.

Les initiations de l'Antiquité

photoTout comme la philosophie antique dont l'origine pourrait être les gymnosophistes indiens, les initiations auraient l'Inde pour berceau, les plus efficaces étant celles conduites en Egypte.
La principale figure de l'antiquité liée à l'initiation est le labyrinthe car c'est en partant de lui qu'on descend au royaume du secret, du désespoir, de la purification et de la rencontre avec soi-même et de la liberté.

En Egypte

photoD'après l'abbé Claude Robin, les puits aux environs de Thèbes, taillés dans le roc et percés de distance en distance pour pouvoir y descendre, avec des inscriptions que Paul Lucas n'eut pas le temps de copier, ainsi que les grottes de Thébaïde que la superstition empêche d'aller plus avant, pourraient être liés aux initiations.
A une période où d'étroites relations d'échange existaient entre la Crète et l'Egypte, Amenemhet III construisit un labyrinthe qui lui servit de sépulture et qu'Hérodote visita; les passages, les cours, les détours et leurs enchevêtrements causaient une infinie stupeur dira-t-il, mais il ne put visiter les salles souterraines qui faisaient parties de cet ensemble. Strabon le visita également et précisera que sans guide, aucun étranger ne pourrait en sortir.
Ainsi le labyrinthe était associé à la mort et aurait pu servir de lieu d'initiation à la mort symbolique.
Diodore affirme que Dédale, après être venu en Egypte construisit pour le roi Minos un labyrinthe semblable.
L'Egypte gardera durant toute l'antiquité cette réputation d'initiations qualitatives; on peut constater que la très grande majorité des philosophes et savants de cette période ont vécu de nombreuse années en Egypte, que ce soient Platon, Sénèque, Démocrite, Thalès de Milet, Pythagore ou Plotin pour ne citer que les plus importants mais aussi les savants et astronomes issus pour la plupart de l'école d'Alexandrie comme Archimède, Euclide et Ptolémée.
Pierre Hadot différencie le sage du philosophe, le premier ayant atteint la sagesse, le second désirant l'obtenir sans pouvoir jamais l'atteindre; il aurait été intéressant qu'il nous précise sa pensée en nous fournissant la méthode par laquelle le premier atteignait cet état... La réponse, si la question lui fut posée, ne paraît pas dans son oeuvre... et c'est bien dommage!

En Grèce et à Rome

Nous savons qu'elles existaient en Grèce mais comme en Egypte, nous ne savons comment celles-ci se pratiquaient et nous ne pouvons que faire des suppositions. Les initiés étaient obligés au silence et aucun d'eux ne dérogea à la règle.
Les plus connues se pratiquaient à Eleusis où Apulée et Marc-Aurèle, l'empereur philosophe, y furent initiés; d'après Suétone, Auguste le fut à Athènes après la victoire d'Actium.
Parallèllement aux mystères d'Eleusis, existaient les rites orphiques, originaires de Thrace, donysiaques qui avaient lieu dans des cavernes, la nuit.
Apulée participa a plusieurs initiations lorsqu'il était à Athènes, Epicure qui ne fit pas de voyage en Egypte le fut par les rites orphiques, Pythagore probablement.

De l'initiation à la figure du héros

D'après l'abbé Robin, ce sont dans les initiations et les Mystères que les auteurs de la mythologie grecque trouvèrent leur inspiration. En effet on peut remarquer que dans les légendes des héros, tous descendent aux Enfers tels que Gilgamesh, Héraklès, Demeter, Dyonisos, Orphée, Enée et Jésus seraient ainsi associés à différentes initiations.
Apulée écrira: Je me suis approché des confins de la mort et ayant foulé aux pieds le seuil de Proserpine, je suis revenu à travers les éléments. et on dira que Pythagore, au sortir de ses initiations, était revenu des enfers.
Dans l'Enéide de Virgile, Joseph Bartoli et William Warburton vit en Enée se rendant aux enfers, la figure de l'empereur Auguste sur le chemin de son initiation à Eleusis.

L'initiation christique

peintureIl ne s'agit pas ici d'entrer dans les méandres de la religion catholique mais d'approcher le christianisme sous l'angle de la philosophie et de l'initiation. Ce chemin s'appuie donc sur l'éthnologie, des recherches archéologiques, des écrits non reconnus par l'Eglise mais qui n'ont aucune raison d'être rejetés s'ils sont plausibles.

tableauLes textes pris en compte sont des traductions, donc des copies et recopies à partir d'originaux qui ne nous sont jamais parvenus et pourraient être originaires d'histoires orales ou un mélange de deux récits: l'un contant la vie du Christ en tant que prédicateur, l'autre, son initiation: mort et renaissance, crucifixion et résurrection, toutes symboliques car les recherches entreprises pour retrouver le tombeau du Christ n'ont jamais abouties... et les récits historiques n'en font aucune mention.
Nous avons alors une histoire humaine du domaine du possible: textes et actions restant des paraboles, rien que des paraboles nous enseignant le sens concret des choses!

Les hapax

Les phénomènes liés aux initiations rejoignent ceux associés à l'hapax existentiel, concept développé par Michel Onfray, comme peuvent l'être un accident, une maladie grave, un état de souffrance, une NDE, etc... et tout événement qui permet à l'individu d'accroitre son état de conscience, tel un saut quantique et qui le fait passer à un niveau supérieur, à un nouveau paradigme, qui par un travail sur lui-même, associé à une exigeante éthique le mènera en cohérence avec le monde.
L'individu mis dans une situation qui le dépasse,l'oblige, pour survivre, à une transcendance involontaire qui, selon l'intensité, ses caractéristiques prendra diverses significations et l'amènera à une ouverture d'esprit supérieure à son état commun.
Chez les bouddhistes, il prend le nom d'éveil, une méthode douce faite de méditations, face à celles abruptes que sont les hapax.

Lire à ce propos Le jardin perdu de Jorn de Précy, dans lequel il raconte comment lui fut révélée sa destinée: devenir jardinier, et Les Confessions de Saint-Augustin où, lors d'un combat intérieur, il fut libéré.
Cette ouverture de l'esprit par une confrontation brutale avec l'inattendu, fait songer à l'ouverture d'une porte donnant accès à un nouveau monde ou à la mise en branle des mécanismes d'une horloge lorsqu'elle sonne l'heure.... Tout l'agencement, toute la contexture de la vie de l'intéressé en sont transformés.
Les forces de de la personnalité se rassemblent et écartent le voile qui les entourait pour découvrir un monde nouveau.
?
Selon le degré des initiations qui en comportaient deux à Eleusis, la vigueur de ou des hapax qui peuvent se renouveler en étant à chaque fois différents, l'individu pourra cheminer dans son insconcient où il découvrira, grâce à ses sensations et sa raison, son vrai visage.

Apports de ces expériences

Elles sont d'une très grande efficacité et permettent une résurrection de l'individu dont la conscience sera augmentée et qui pourra voir l'existence selon une toute autre optique.

La voie du mystère

La plus belle chose que nous puissions éprouver, c'est le mystère des choses.
Albert Einstein

photoQue l'on se tourne vers l'infiniment grand ou l'infiniment petit, les choses ne s'éclaircissent pas; au contraire elles s'épaississent en posant davantage de questions qu'elles en résolvent et faisant apparaître de nouvelles inconnues aux calculs du chercheur, inconnues encore impossibles à cerner et à mesurer et qui, pourtant sans elles, l'univers, tel que nous le connaissons, n'existerait pas.
Du mystère du plus petit au plus grand, notre univers concret semble être une fine marge entre deux infinis, l'alpha et l'oméga, qui semblent se rejoindre, origine ultime du paradoxe et de la connaissance, où tout devient possible mais ou nul ne peut entrer.

Savoir qu'il y a des choses qu'on ne peut connaître, voilà le sommet du savoir. Qui sait que le discours est sans paroles et que le Tao est sans nom, celui-là possède le trésor du Ciel.

Tchouang-tseu.

Nombreux ceux qui contestent cette approche, qui bien souvent sont les plus "je sais tout" et qui détournent leur attention alors qu'ils devraient y faire face, les spécialistes et savants étant obligés d'avouer, avec humilité, que leurs sujets d'études dépassent leur entendement.

Les dérives

tableauFace aux mystères, si la majorité des philosophes antiques ne nous ont proposé que des explications quant à la nature de l'homme dans le cosmos et de professer "je ne sais pas!", d'autres, dont Platon, ont tenté de proposer des thèses dont ils ne donnèrent aucune preuve de ce qu'ils avancaient. On entre alors dans l'occultisme, la supercherie et les religions; ces dernières ajoutèrent des mystères et les élevèrent au rang de dogme pour clore toute contestation! Certains se firent "prophètes" en annonçant l'Apocalypse tout comme certains créateurs de sectes encore vivantes aujourd'hui.

Le paradoxe

Par l'unité, le Ciel devint clair
Par l'unité, la Terre devint stable.
Par l'unité, les esprits devinrent efficaces.
Par l'unité, les vallées se remplirent.
Par l'unité, toutes choses vécurent et se perpétuèrent.
Lao-Tseu
tableau

Entrer dans l'univers du paradoxe, c'est entrer dans l'unité, c'est faire son entrée dans le monde, non pas dans le beau monde que vous imaginez, celui de la représentation, des apparences et de l'avoir, mais dans celui beaucoup plus profond, celui de notre vraie nature et de nos origines.
Bien que l'Occident ait choisi la voie de la dualité, nous sommes dans un univers paradoxal et l'homme n'échappe pas à celui-ci.
Par le taoisme ou le bouddhisme, l'esprit oriental fut très tôt associé à cet état primordial et c'est la raison pour laquelle, leurs écrits sont si difficiles à comprendre à nos contemporains. Ils créèrent la voie du thé, de l'arc ou du sabre et du bonsaï, des pratiques pour obtenir une force et un bien-être intérieurs, mais pour le lettré, son esprit associé à la nature utilise le pinceau pour en faire ressortir sa sagesse, sa plénitude.
photo Par Aristote, selon Erich Fromm, et la religion, l'Occident fut conduit à la dualité, bien contre mal, etc... découpant ainsi le paradoxe en deux entités séparées et inconciliables comme le sont l'onde et la particule, voie d'une coupure avec le naturel, provoquant ambiguïté entre fond et forme ainsi que dans le langage, oscillations dans les choix difficiles et pertes de repères.
Ainsi l'arbre de la Connaissance de la dualité, du bien et du mal de la Genèse est ce péché originel et non cette histoire de pomme que racontent les Eglises. C'est cette dualité qui nous conduit hors du jardin d'Eden et le retour au paradoxe qui nous remet en celui-ci où bien et mal sont contenus en une même entité. La philosophie orientale dont la pensée est liée au paradoxe en est consciente et ses jardins n'ont jamais été un lieu de faute mais au contraire un lieu de sagesse.
En d'autres termes, la prise de conscience du paradoxe nous fait revenir au monde divin d'avant la chute.

L'apparition du bien et du mal altère la notion du Tao. Cette altération entraine l'apparition de l'amour égoïste.

Tchouang-tseu.

Ironie de l'histoire: les Eglises se sont engouffrées dans ce concept dualiste pour n'en jamais ressortir et considérer que la souffrance était la condition terrestre de l'homme pour atteindre le ciel... après la mort!

Malgré tout, il existait bien chez les Grecs, dans les aphorismes d'Héraclite, la philosophie de Pyrrhon et la méthode d'enseignement de Socrate ressemblait fort à celle des philosophes taoïstes; il refit surface avec quelques religieux au Moyen-Age et à la Renaissance où dans tous les domaines, l'Antiquité fut pris comme modèle et devint la base de connaissance de tous les érudits pour en extraire une nouvelle pensée.
Il se développa, selon les sujets abordés, grâce à différents philosophes; cette découverte créa une évolution majeure dans le domaine des idées.... mais non dans les Eglises!
Mais le grand saut se produisit au XXe siècle où la science découvrit le paradoxe de l'atome et de la lumière, qui se poursuivra par leur présence dans des disciplines telles que l'astrophysique et les sciences humaines.
Il est de fait, d'abord timidement au cours de l'histoire, qu'il apparait à nos contemporains comme une image profonde et réelle du monde... tout comme le voyait le poëte taoïste, il a de nombreux siècles.

"Voir les choses dans la lumière", ce n'est pas seulement récuser le principe de contradiction, c'est aussi pénétrer dans l'unité de toutes choses."

Savoir et connaissance

L'amour de toutes choses est fille de sa connaissance.

La seule source de connaissance est l'expérience.
Albert Einstein
Connaître, ce n'est point démontrer, ni expliquer. C'est accéder à la vision.
Saint-Exupéry

Rien dans notre intelligence qui ne soit passé par nos sens. disait Aristote. Aussi notre seul savoir s'élaborera sur la connaissance se fondant sur nos sens, sur la véracité des sensations qui garantissent seules, que nous connaissons la réalité.
Ainsi c'est la réceptivité qui permet de connaître; la première précède la seconde afin de trouver le juste et le vrai dans son essence et sans déformation. Cette réalité se fonde par la prise de conscience qui se traduit toujours par un brusque et plus ou moins léger changement dans notre conscience et non par notre intellect qui ne fera qu'enregistrer ce nouveau fait afin de nous faire réfléchir sur les conséquences de ce nouvel élément.gravure Ce pourrait être l'inverse d'un hapax minuscule, la prise de conscience produisant une sensation dans notre corps, une révélation. Celle-ci nous fait entrer plus largement dans la réalité des choses et est à l'opposé des croyances dont se nourrit l'individu. Il ne faut pas croire, il faut connaître et ce savoir issu de la connaissance devient le notre et non ce que l'on nous appris... de gré ou de force pour nous faire entrer dans la "pensée unique" et le "troupeau".gravure
Ce changement de conscience peut également se traduire dans les rêves, la "voie royale" qui apportent un complément dans notre recherche vers notre complète réalisation.

Dans ce domaine, croire n'est pas savoir, savoir n'est pas exactement connaître, connaître c'est prendre conscience de la chose que seule l'expérience permet.
Tout le reste n'est que littérature, imagination ou parole sans fondement.

Les hommes se tromperont toujours quand ils abandonneront l'expérience pour des systèmes enfantés par l'imagination. L'homme est ouvrage de la nature, il existe dans la nature, il est soumis à ses lois, il ne peut s'en affranchir, il ne peut même par la pensée en sortir; c'est en vain que son esprit veut s'élancer au delà des bornes du monde visible, il est toujours forcé d'y rentrer.

Paul Henri Thiry d’Holbach.

Et je ferais miennes ces paroles et il est nul besoin de rechercher sans preuve la nature de Dieu et des mystères puisqu'ils sont par nature hors d'atteinte de notre raison. On revient aux croyances et on entre alors dans l'occultisme, l'hermétisme et les théologie qui sont le fruit, soit de l'intuition, soit de la spéculation, soit de l'imagination, toutes approches sujettes aux erreurs et où tout est permis sans qu'une preuve concrète ne puisse être apportée.

Je ne connaissais du Tao que ce que peut connaître de l'univers une mouche prise dans une cuve. Si le maître n'avait pas soulevé mon couvercle, j'aurais toujours ignoré l'univers en son intégralité grandiose.
Tchouang-tseu.

Dans l'exercice de la sagesse, le plaisir va de pair avec la connaissance.
Epicure.

La réalisation de soi

"Meurs et devient."

Goethe.

L'initiation nous ménera au centre de nous-même.

Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux.

Reviens à toi-même et regarde: si tu ne te vois pas encore toi-même beau, fais comme le sculpteur d'une statue qui doit devenir belle: il enlève, il gratte, il polit, il nettoie, jusqu'à ce qu'il fasse apparaître un beau visage dans la statue. Toi aussi, enlève tout ce qui est superflu, redresse tout ce qui est tortueux, nettoyant tout ce qui est sombre, rends le brillant, et ne cesse de "sculpter" ta propre "statue" jusqu'à ce que resplendisse pour toi la divine splendeur de la vertu, jusqu'à ce que tu voies "la sagesse debout sur son socle sacré" ... Es-tu devenu cela? As-tu vu cela? ... Si tu te vois devenu cela, alors devenu toi-même une vision, prenant confiance en toi-même, remontant dejà vers le haut tout en restant ici-bas, n'ayant plus besoin de guide, fixe intensément les yeux et regarde!
Plotin

Un homme mesure six pieds, mais si insignifiant que puisse être son corps il faut tout un univers pour le porter.

Kuo Hsiang

gravureEtre soi-même, c'est abandonner le paraître et vivre sans les compensations nécessaires qu'insconciemment l'individu se pare, c'est à dire, bien souvent, faire de la représentation, faire illusion d'être que peuvent permettre l'argent et tout ce que la société peut offrir pour se différencier et tenter de briller par ses biens, son savoir ou son apparence.
Le but ultime est alors d'entrer en cohérence avec le monde qui nous entoure, avec les sciences comme avec notre philosophie, sans dogme et sans limite autre que la raison qui ne nous permet pas d'appréhender ni l'infiniment grand, ni l'infiment petit et que seule la poésie quelquefois peut nous renseigner sur ce qui ne se voit pas.

Qui connaît l'autre homme est intelligent
Qui se connaît est éclairé,
qui vainc l'autre homme est fort,
qui se vainc est énergique,
qui sait se contenter est riche,
qui s'efforce d'agir a de la volonté.

Qui ne s'écarte pas de sa place vit longtemps.
Qui est mort sans être disparu
atteint l'immortalité.
Lao-tseu

Suite

Sources

- Mircea ELIADE- Initiations, rites, sociétés secrètesphoto - Gallimard
- Ralp Waldo EMERSON- La naturephoto- - Editions Allia
- JAMBLIQUE- Les mystères des Egyptiens,photodes Chaldéens et des Assyriens. - Dervy
Sur le Web
Ouvrages numérisés
- Louis GUILLEMAIN de SAINT-VICTOR- Histoire critique des mystères de l'antiquité
- Paul LUCAS- Voyage du sieur Paul Lucas au Levant.
- J.M. RAGON- Cours philosophique et interprétatif des initiations anciennes et modernes
- Abbé Claude ROBIN- Recherche sur les initiations anciennes et modernes
- Rudolph STEINER- Le mystère chrétien et les mystères antiques

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